La vie palpitante d'antoine p.
Photos, livres, aventures.
Plus vivants que jamais
Ce printemps, dans la foulée des innombrables publications entourant le cinquantième anniversaire de Mai 68, les éditions Libertalia ont réédité Plus vivants que jamais, le journal des barricades écrit par Pierre Peuchmaurd à chaud, à l'été 68, et initialement paru aux éditions Robert Laffont à l'époque.
Le livre est republié en poche, avec une préface éclairante de Joël Gayraud.
éditions Libertalia, 8 euros, 128 p.
Météo marine
Un bel article de Ouest France pour dire adieu à la météo marine, adieu à Fisher et Viking qui nous ont si souvent ému depuis l'enfance par cette poésie imprévue qui faisait rentrer dans nos cuisines des temps mauvais dans la mer d'Irlande et des vents de force 6-7 en mer d'Écosse à l'heure de faire la vaisselle.
Chapu Gadget
Savourons notre chance d'avoir une enfant très jeune qui explore les rayons du bas de nos bibliothèques, et en extrait pour nous des trésors enfouis et parfois oubliés. C'est ainsi que je l'ai vue m'apporter récemment, de son pas encore un peu incertain et dodelinant de la tête, mon exemplaire du numéro zéro de Chapu Gadget, très jolie publication de Benoît Chaput et Julie Doucet datant de 2003.
Le début des années 2000, c'était aussi dans mon souvenir l'apogée du Mouvement Lent, dont on parle moins aujourd'hui. Benoît Chaput, qui en était à l'origine, est aussi l'éditeur de L'Oie de Cravan, et il se présente encore aujourd'hui comme l'éditeur lent.
Avec vue sur le Vieux
Quartier du Vieux Montréal, vu depuis le onzième état de l'hôtel Westin. Au fond, entre les tours, on aperçoit Habitat 67 de l'autre côté du port.
Moby Dick
Frank Horvat - 1954, Angleterre, aux studios Elstree Film, sur le tournage de Moby Dick.
Cette photo nous rappelle qu'il serait temps de reprendre la lecture de l'énorme et prodigieux Achab, de Pierre Senges (éditions Verticales, 2015), lecture riche, dense, foisonnante, cultivée, qu'il faut prendre le temps de lire lentement, et qui se lit du reste plus facilement qu'il n'y paraît. Du reste, nous n'avions interrompu notre lecture que pour satisfaire les exigences des dieux du travail en librairie, qui réclament sans cesse de nouveaux sacrifices.
Si comme Pierre Senges, vous ne croyez pas que le capitaine Achab est mort dans son combat ultime contre Moby Dick, lisez Achab! Non seulement vous apprendrez ce qu'il advient du légendaire capitaine par la suite, mais également une multitude d'autres choses sur les baleines, ainsi que sur New York en pleine explosion démographique, culturelle, industrielle et économique du tournant du XXème siècle.
De quelques amoureux des livres
Le lecteur qui entre dans sa librairie préférée le sait, à peine a t'il franchit le seuil de la porte que des piles de livres menacent de l'engloutir, les nouveautés de la semaine s'accumulant par dessus celles de la semaine précédente, faisant passer ce très beau recueil de poésie sorti le mois dernier pour une rareté poussiéreuse, et cette intrigante traduction parue au début de l'été chez un petit éditeur pour un incunable. Face à tant de choix, les plus téméraires plongeront tête baissée, certains demanderont de l'aide, et les plus timides rebrousseront chemin.
Parlez-en au libraire, ce valeureux travailleur. Comme le mineur d'autrefois, il a les reins brisés bien avant l'âge à force de creuser des galeries parmi les montagnes de nouveaux arrivages et de déplacer des piles de livres, mais il vous réservera néanmoins l'usage des quelques neurones que le café trop fort fait encore fonctionner, aidé de son fidèle destrier, l'ordinateur poussiéreux, afin de vous guider vers l'objet de vos désirs, ce roman qui vous obligera à continuer à lire bien au-delà de l'heure raisonnable.
Trop de livres donc? La rengaine n'est pas nouvelle. Dans certains cas, on pourrait bien être tentés de jeter le blâme sur ces éditeurs peu scrupuleux qui préfèrent inonder le marché plutôt que de publier de la littérature. Heureusement, les éditions Finitude font partie de cette catégorie d'éditeurs exigeants qui choisit de publier moins pour publier mieux, et qui depuis plus de dix ans maintenant propose des livres qui n'ont pas peur de vieillir puisqu'ils naissent de toutes façon à l'abri des modes.
Mais trop de livres, disions nous? Dites-vous bien que ça aurait pu être pire encore! C'est du moins ce que nous raconte Philippe Claudel dans De quelques amoureux des livres. Comme une armée des morts aux soldats innombrables, on prend conscience en lisant ce savoureux petit livre, du nombre incalculable de livres qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas écrits. Par fainéantise, par distraction, par hasard, à cause d'une histoire d'amour, d'une guerre ou d'une mauvaise habitude alimentaire, combien de chef-d'oeuvres ne se sont pas écrits, et qui sont ces non-écrivains, qu'un destin souvent facétieux a privé de leurs rêves de littérature?
Ce sont les portraits de quelque-unes de ces victimes de la littérature que Philippe Claudel nous donne à lire avec humour & délicatesse.
Extraits
"& celui-là qui taillait sans cesse ses crayons de papier tandis que les idées lui venaient, les idées ne pouvaient venir que lors de ces séances durant lesquelles pendant des heures il tallait ses crayons, mais il se décidait à recopier tout ce qui lui était venu en esprit, il n'avait plus de crayons pour le faire, et qui fit ainsi la fortune de son papetier, mais dont aucun libraire ne connu jamais le nom.
& cet homme qui avant même de publier avait choisi le pseudonyme de Jean-Noël Sisyphe, et qui voyait s'effacer aussitôt de son écran ce qu'il venait d'y écrire.
& cet homme qui, ayant achevé la rédaction d'un pesant roman, se décida à le publier à compte d'auteur après avoir essuyé quarante-sept refus de maisons d'édition, et mourut écrasé par la palette qui contenait trois mille exemplaires de son livre que le livreur - un intérimaire sous-formé -, gerba de son chariot-élévateur un peu trop tôt devant son domicile à la suite d'une manoeuvre involontaire."
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De quelques amoureux des livres
Philippe Claudel, éditions Finitude, 2015, 113p.
Parlez-en au libraire, ce valeureux travailleur. Comme le mineur d'autrefois, il a les reins brisés bien avant l'âge à force de creuser des galeries parmi les montagnes de nouveaux arrivages et de déplacer des piles de livres, mais il vous réservera néanmoins l'usage des quelques neurones que le café trop fort fait encore fonctionner, aidé de son fidèle destrier, l'ordinateur poussiéreux, afin de vous guider vers l'objet de vos désirs, ce roman qui vous obligera à continuer à lire bien au-delà de l'heure raisonnable.
Trop de livres donc? La rengaine n'est pas nouvelle. Dans certains cas, on pourrait bien être tentés de jeter le blâme sur ces éditeurs peu scrupuleux qui préfèrent inonder le marché plutôt que de publier de la littérature. Heureusement, les éditions Finitude font partie de cette catégorie d'éditeurs exigeants qui choisit de publier moins pour publier mieux, et qui depuis plus de dix ans maintenant propose des livres qui n'ont pas peur de vieillir puisqu'ils naissent de toutes façon à l'abri des modes.
Mais trop de livres, disions nous? Dites-vous bien que ça aurait pu être pire encore! C'est du moins ce que nous raconte Philippe Claudel dans De quelques amoureux des livres. Comme une armée des morts aux soldats innombrables, on prend conscience en lisant ce savoureux petit livre, du nombre incalculable de livres qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas écrits. Par fainéantise, par distraction, par hasard, à cause d'une histoire d'amour, d'une guerre ou d'une mauvaise habitude alimentaire, combien de chef-d'oeuvres ne se sont pas écrits, et qui sont ces non-écrivains, qu'un destin souvent facétieux a privé de leurs rêves de littérature?
Ce sont les portraits de quelque-unes de ces victimes de la littérature que Philippe Claudel nous donne à lire avec humour & délicatesse.
Extraits
"& celui-là qui taillait sans cesse ses crayons de papier tandis que les idées lui venaient, les idées ne pouvaient venir que lors de ces séances durant lesquelles pendant des heures il tallait ses crayons, mais il se décidait à recopier tout ce qui lui était venu en esprit, il n'avait plus de crayons pour le faire, et qui fit ainsi la fortune de son papetier, mais dont aucun libraire ne connu jamais le nom.
& cet homme qui avant même de publier avait choisi le pseudonyme de Jean-Noël Sisyphe, et qui voyait s'effacer aussitôt de son écran ce qu'il venait d'y écrire.
& cet homme qui, ayant achevé la rédaction d'un pesant roman, se décida à le publier à compte d'auteur après avoir essuyé quarante-sept refus de maisons d'édition, et mourut écrasé par la palette qui contenait trois mille exemplaires de son livre que le livreur - un intérimaire sous-formé -, gerba de son chariot-élévateur un peu trop tôt devant son domicile à la suite d'une manoeuvre involontaire."
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De quelques amoureux des livres
Philippe Claudel, éditions Finitude, 2015, 113p.
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