Photos, livres, aventures.
Avant/après
L'automne, traditionnellement trop occupé par le travail, ne m'avait pas laissé le temps de faire de nouvelles photos, mais les récentes chutes de neige m'ont donné un petit coup de fouet. De retour d'une longue promenade nocturne, en voulant regarder les images que je venais de prendre, j'ai eu la surprise d'en retrouver quelques unes prises au mois d'octobre et que j'avais oubliées depuis dans l'appareil.
Et voici la même, deux mois plus tard.
.
Paris Texas
Paris Texas, près de trente ans après sa sortie, le chef d'oeuvre de Wim Wenders n'a pas pris une ride, la photographie est toujours aussi époustouflante et méticuleuse, la musique de Ry Cooder est aussi envoûtante que dans nos souvenirs, et Nastassja Kinski bien plus belle encore.
Tête de piaf et chevaux du roi
Michèle Bernstein est invitée à la télévision pour présenter Tous les chevaux du roi, qui vient alors juste de paraître aux éditions Coréa. Comme le soulignait mon ami BC, en me montrant cette séquence, le roman de Bernstein parodie ceux de Françoise Sagan, tellement à la mode dans ces années-là. On la soupçonne même de se moquer de Sagan dans les réponses même qu'elle donne. Quand l'une aimait tellement la Côte d'Azur, l'autre se targue en riant de la décrire sans y être jamais allée.
Coincé entre le panache de sa coiffure et le ton de raideur paternaliste qu'il essaie d'adopter, le présentateur est visiblement décontenancé par les réponses de Bernstein et son regard espiègle.
"- Il y a souvent des voitures dans votre livre.
- Oui, oui, mais enfin je ne sais pas conduire. Mais enfin une voiture...
- C'est une voiture comme dans les livres de Françoise Sagan?
- Je ne sais pas, je ne l'ai pas vue, je n'ai pas vu non plus la voiture des romans de Françoise Sagan, elle doit être plus belle."
Tout cela, évidement, donne envie de relire ce livre, et d'insister auprès des éditions Allia pour rééditer La nuit, qu'ils nous promettent depuis bien longtemps.
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-Tous les chevaux du roi, Paris, éditions Allia.
Shakespeare n'a jamais vu L.A.
Cela devait bien faire dix ans que je n'en n'avais pas lu, et je croyais bien avoir terminé ma période Bukowski, lorsqu'on m'a mit ce livre entre les mains.
En 1978, Charles Bukowski accepte les invitations de ses éditeurs français et allemands et s'embarque avec sa compagne Linda Lee et un ami photographe. Après avoir éclusé tout le vin blanc, puis le rouge, et enfin la bière disponibles à bord de l'avion, les voici donc qui débarquent à Paris.
Le grand Buck, qui ne s'attendait pas à un tel empressement de la part des journalistes français, aimerait mieux continuer à boire dans la chambre d'hôtel de la rue des Saints-Pères où l'a enfermé Raphael Sorin (1), mais voilà que déjà on le traîne sur le plateau d'Apostrophes pour son désormais légendaire passage à l'émission de Bernard Pivot.
L'émission est un demi-désastre et vire presque au pugilat lorsque l'écrivain, rond comme une queue de pelle, se fait montrer la sortie du plateau par les agents de sécurité. Ses fans exultent, le trublion américain ne les a pas déçu en se moquant du maître de cérémonie de la littérature télévisée.
Après un crochet peu glorieux par Nice, où le beau-père de Linda Lee refuse de les rencontrer, le couple file vers l'Allemagne (quatorze heures dans un train sans wagon restaurant ni bar ambulant!) pour la deuxième partie du programme.
À Mannheim d'abord il retrouve des amis, le traducteur Carl Weissmer et le cinéaste Barbet Schroeder, puis à Andernach, sa ville natale, il se rend chez son vieil oncle Heinrich, boit du vin, visite des châteaux, boit du vin, prépare la grande lecture prévue à Hambourg et boit du vin avec des amis.
Il trouve encore le temps de répondre à des interviews impromptues :
"Non, Oui, Non. Non.
- J'aime Thomas Carlyle, Madame Butterfly et le jus d'orange avec la pulpe. J'aime les radios rouges, les lave-autos, les paquets de cigarettes écrasés et Carson McCullers.
Non. NON! Non. Oui, bien sûr.
-Mick Jagger? Non, j'aime pas sa bouche... Bob Dylan? Non, j'aime pas son menton.
Fin de l'interview."
photo : Michael Monfort |
C'est un premier retour au pays après cinquante-huit ans d'absence et une vie américaine bien remplie, et même si les gueules de bois à répétition lui gâchent un peu le paysage, on sent l'écrivain ému par ses retrouvailles. Lui qui s'est habitué à lire sa poésie dans des endroits improbables pour payer son loyer, est tout de même surpris par les mille deux cents personnes venues l'entendre à Hambourg. Il s'en trouve bien un qui l'insulte dans la foule, mais ce serait plutôt du genre à mettre le bonhomme en confiance.
"Là encore les fans allemands se distinguaient : ils avaient mes livres. Dans les boîtes de nuit (*aux États-Unis), on me faisait surtout signer sur des serviettes en papier."
Et puis malgré tout ce dépaysement, Bukowski finit par s'ennuyer de son chat et de sa machine à écrire et il aimerait bien rentrer chez lui. Encore faut-il trouver le bon train, le bon avion, et c'est une autre histoire.
"Comment ce type qui ne s'intéresse à presque rien peut-il écrire sur quoi que ce soit? Eh bien, j'y arrive. J'écris sur tout le reste, tout le temps : un chient errant dans la rue, une femme qui assassine son mari, les pensées et les sentiments d'un violeur à l'instant où il mord dans son hamburger; la vie à l'usine, la vie dans les rues et dans les chambres des pauvres, des invalides et des fous, toutes ces conneries, j'écris beaucoup de conneries dans le genre..."
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- Shakespeare n'a jamais fait ça, Paris, 13e note éditions, 2012, 254p. Illustré de nombreuses photos de Michael Montfort.
(1) Raphael Sorin qui était aussi l'ami et éditeur de Jean-Pierre Martinet, un autre grand écrivain alcoolique.
Le secret
11/12e
"Novembre : n. Le onze douzième d'une lassitude."
(Ambrose Bierce, Le Dictionnaire du diable, éditions Rivages poche)
Faits divers
Anouk
Ricard aime brouiller les cartes en faisant passer à ses lecteurs la
mince frontière entre la BD et les livres pour enfants. Avec la série
des Anna
et Froga,
puis les enquêtes du commissaire Toumi et Coucous
Bouzon,
le décalage entre son dessin naïf et son humour souvent acerbe a fait ses preuves.
Cette fois, Anouk
Ricard a épluché pour nous les chroniques de faits divers de la
presse régionale, source inépuisable de réjouissances et
d'affligements dans l'observation de la nature humaine, et s'en est
emparé pour nous livrer sa version des faits, plus délirante encore
que ce que laisse supposer des manchettes telles que : "Il
abandonne sa compagne qui s'étouffe au restaurant", ou "Il
reçoit dans son lit une balle tirée par un policier".
Faits
divers,
c'est un peu les Nouvelles
en trois lignes de
Fénéon, réécrites avec des crayons de couleur.
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- Faits
divers,
Anouk Ricard, éditions Cornélius, 2012.
Grande école
De la petite école à la grande, celle que l'on devine être les Beaux-Arts à Paris et l'école de la vie, en passant par le service militaire et les camps de vacances, voici un catalogue des mille et une petites humiliations et autres échecs qui ont fait de Clément de Gaulejac ce qu'il est aujourd'hui, un dessinateur, artiste visuel, et maintenant écrivain, dont on comprend qu'il ait voulu s'éloigner du carcan initiatique qu'il dépeint.
Le ton sérieux et les descriptions minutieuses offrent un contrepoint au burlesque des situations, avec une subtilité qui n'est pas sans faire penser à Sempé, et l'on se prend à imaginer notre héros en Petit Nicolas qui serait devenu grand, avec une pointe de Buster Keaton en habits d'artiste.
Présentation de l'éditeur :
Le héros tombe dans les escaliers. Il roule en bas des marches sous le regard médusé de la foule réunie là. Personne ne le lui demande, mais en se relevant, il rassure l’assemblée : « Je vais bien, ça va, rien de cassé. » Dans les films burlesques, le héros se relève toujours impassible de ses innombrables chutes. Cette endurance à la cruauté du monde est précieuse pour le spectateur, d’autant plus que les acrobaties mises en scène n’en sont pas moins réelles. Dans l’escalier, c’est un vrai corps qui tombe. C’est ainsi qu’il faut entendre le réalisme des récits de Grande École : ils sont réalisés sans trucage. Sous le joug de toutes sortes de disciplines, le narrateur apprend. C’est-à-dire que, petit à petit, il réunit des compétences, la plupart du temps à son corps défendant – comme le sont les corps de tous les apprentis, tour à tour flottants et entêtés, dont ce livre est peuplé.
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- Grande école, Clément de Gaulejac, Montréal, Le Quartanier éditeur, 2012.
Lancement du Bathyscaphe #8
Camarades humains, rescapés de naufrages divers, flibustiers des mers septentrionales, arpenteurs de salles de bain, Robinsons de vos solitudes égarées, l'année a été rude et les eaux parfois glaciales, mais réjouissez-vous, après plus d'un an en mer, Le Bathyscaphe est de retour, qu'on se le dise. Une fois de plus, il y a crevé la surface, suivi les courants les plus sauvages, fait les plus beaux naufrages, pour toucher le fond et nous ramener les coraux les plus étranges.
Amis,
voici enfin que nous lançons le Bathyscaphe 8!
LE
BATHYSCAPHE, TOUJOURS AUSSI INACTUEL
RÊVE
GÉNÉRAL ILLIMITÉ
VIEUX
PROJET QUI NE VIEILLIT JAMAIS
Romy
Ashby Jean-Yves Bériou Daniel Canty Maxime
Catellier Maïcke Castegnier
Geneviève Castrée Benoît Chaput Byron Coley Bérengère Cournut Hélène Frédérick Joël Gayraud
Clément de Gaulejac Sarah Gilbert Thierry Horguelin Julien Lefort Thurston Moore
Hermine Ortega Antoine Peuchmaurd Mark Read Pierre Rothlisberger Barthélémy Schwartz Valerie Webber Emma Young
Geneviève Castrée Benoît Chaput Byron Coley Bérengère Cournut Hélène Frédérick Joël Gayraud
Clément de Gaulejac Sarah Gilbert Thierry Horguelin Julien Lefort Thurston Moore
Hermine Ortega Antoine Peuchmaurd Mark Read Pierre Rothlisberger Barthélémy Schwartz Valerie Webber Emma Young
vous
y attendent pour vous y parler de
L'histoire
du Bat
Signal de
Occupy New York, notre défunt Père Ubu Charest, les mystères de la
disparition du quartier Griffintown et du quartier autour de la tour
de Radio-Canada à Montréal, tout sur la tragique chute de
l'Ère Spatiale Américaine, le retour de la revue Mainmise,
le vide des forêts suisses et la poésie de Tomas Tranströmer, les
fantômes de l'histoire de l'île de Martha's Vineyard, les éditions
de poésie underground américaine Birds
LLC, Le
mauvais goût de Paulo Coelho, la mauvaise odeur des pieds de Richard
Martineau, la série de disques Poetry
Out Loud, l'hospitalité
de la poète Joanne Kyger à Bolinas en Californie, Neil Young &
Bugs Bunny dans le Bosque de Albuquerque, de nouvelles
inactuelles au sujet de Harry Crews. André Hardellet. Joël
Cornuault. Henri Calet. André D'Hôtel et Jean-Pierre Le Goff, le
condom est-il joli dans la pornographie ? Alain Cavalier est-il aussi
politique que Gus Van Sant ? Benjamin Péret et ses cravates, Didier
Éribon et les curieux passages qui mènent de la Montérégie à
Paris : visserie & quincaillerie sans raillerie, le triste
sort des bureaux de postes américains, les secrets de l'Autre Monde
celtique ; sans compter notre grand jeu, nos images étonnantes et
nos aphorismes roboratifs.
Peste & choléra
Patrick
Deville est un écrivain français atypique puisque ses livres sont
autant des romans d'aventures que des biographies déguisées de
personnages hauts en couleurs. Bandits, aventuriers, scientifiques,
Deville a le chic pour les trouver, avec un goût de prédilection
pour ceux qui s'approchent au plus près de la folie, au coeur des
jungles du monde (voir Pura
vida,
La
tentation des armes à feu, Équatoria,
Kampuchéa).
La précision du langage, l'humour discret et raffiné, les ruptures
dans le rythme, l'exotisme géographique et historique (l'empire
colonial français à son apogée, du temps où les avancées en
Indochine semblaient une compensation pour la perte de
l'Alsace-Lorraine) et le soupçon scientifique (Alexandre Yersin,
pasteurien de génie mais oublié, explorateur par curiosité à une époque où il reste encore des zones d'ombre sur les cartes, ermite philanthrope, méritait amplement, à en croire
le livre de Deville, d'être remis sur le devant de la scène), tout
est là pour que Deville rencontre enfin un public plus large.
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Peste
& choléra,
Patrick Deville, Le Seuil, 2012.
B #8
- Tu sais quoi?
- Quoi?
- J'ai entendu dire que le nouveau Bathyscaphe devait sortir bientôt.
- Tu veux rire? Je le croyais disparu en mer celui-là.
- Moi aussi, mais tu sais ce qu'on dit : "À l'inutile, rien d'impossible".
Monsieur T.
Monsieur
T.,
de la poète grecque Katerina Iliopoùlou. Une poésie narrative toute en simplicité, qui n'est pas sans évoquer le Plume de
Michaux.
Dans la très belle, très élégante et très éphémère
collection "Le fer et sa
rouille".
(extrait)
Monsieur T. au bord de la mer
Sur le rivage il ramasse un galet.
Le galet, remarque-t-il, a cette propriété
de n'avoir ni dehors ni dedans.
Le deux se confondent.
Ne pouvant penser à rien d'autre, il décide
que le galet est ennemi du monde, et le jette
au loin.
En tombant le galet forme ce qu'on appelle
"trou dans l'eau".
Monsieur T" ressent une terrible attirance
et jalouse le galet sans savoir pourquoi.
Alors il en prend un autre qu'il met dans sa
bouche.
C'est d'abord salé.
C'est quelque chose de maritime.
Peu après ce n'est rien.
Une boule dure de silence dans sa bouche, qui avale sa voix.
À sa surprise pourtant il s'aperçoit
que même sans voix il peut parler.
Aucun doute, on entend ses appels.
Un vol d'oiseaux de mer atterrit à ses pieds.
Derrière eux en partant ils laissent un texte illisible.
Monsieur T. se penche et sans tarder l'étudie.
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Monsieur
T.,
Katerina Iliopoùlou, Montréal, L'Oie de Cravan, 2012, 200 ex
numérotés.
Desire in a bowl of potatoes
Un tout petit livre, un très beau cadeau.
Desire in a bowl of potatoes est un très court recueil de poèmes de Richard Brautigan écrit dans les années 50 en Oregon et longtemps resté inédit, jusqu'à ce que la maison X-Ray Book Co., de Pasadena, en fasse un magnifique tirage en 2005, avec beau papier, couverture imprimée au plomb, le tout joliment cousu à la main.
desire in a bowl of potatoes
under a tree of fire
over a moon of ashes
beside a river of starfish
who are popping bubble gum
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14p., tirage numéroté de 250 ex, 7x10,5 cm.
Nusch, Paul and the gang
L'état d'alarme et le sursaut d'orgueil
Après
avoir été lieutenant dans le camps anti-esclavagiste pendant la
guerre de sécession, Ambrose Bierce a voyagé en Europe et a fait
divers petits métiers avant de s'établir comme chroniqueur, puis rédacteur en chef à San
Francisco. Les circonstances de sa mort sont plutôt surprenantes puisque l'on perd sa trace au Mexique en 1913, alors qu'il y avait rejoint l'Armé du Nord de Villa en pleine guerre civile.
Moins
connu que son Dictionnaire du diable
ou que ses nouvelles sur la guerre de sécession, les Fables
fantastiques d'Ambrose Bierce
sont le plus souvent assez réjouissantes à lire, tant leur cynisme
et leur absurdité trouvent encore un écho aujourd'hui.
Dans une bibliothèque idéale, on l'imaginerait volontiers entre Thoreau et Stephen Crane, pas trop loin de Jack London.
J'étais
donc tranquillement installé à lire à une terrasse de café,
lorsque je suis tombé sur ce texte extrait de ces Fables
fantastiques publiées à la fin du XIXe siècle.
Toute
ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne serait
vraiment pas étonnante.
L'état
d'alarme et le sursaut d'orgueil
« Bonjour,
mon ami", dit l'état d'alarme
au sursaut d'orgueil
; « comment allez-vous ce matin? »
« Très
fatigué », répondit le sursaut
d'orgueil en s’asseyant sur une pierre
au bord du chemin et en s'épongeant le front. « Les
politiciens m'épuisent à force de mener leurs débats en
m'utilisant, moi, au lieu d'agiter un bâton. »
L'état
d'alarme soupira avec sympathie et dit :
« C'est à peu près la même chose ici. Au lieu d'utiliser une
lorgnette, ils regardent les agissements de l'opposition à travers
moi! »
Comme
les deux malheureux compagnons mêlaient leurs larmes amères, on
leur notifia qu'ils avaient à retourner à leur devoir, car l'un des
partis politiques avait réussi à faire nommer un voleur, et
s'apprêtait à tenir un grand meeting de réjouissance.
________________________________
- Le Dictionnaire du diable, éditions Rivages poche ;
- Fables fantastiques, éditions Rivages poche ;
- Morts violentes, éditions Grasset, coll. "Cahiers rouges".
Sudbury
Sudbury, du poète franco-ontarien Patrice Desbiens, dans son
édition originale de 1983 à la non moins franco-ontarienne maison d'édition
Prise de parole.
"Je suis né pas loin d'ici.
J'ai encore les
traces sur mon ventre.
Taches de naissance.
Je suis né pas loin
d'ici mais
personne me
reconnaît.
Je montre des photos
de moi aux habitants.
"Avez-vous vu
cet homme ?" je leur demande."
Résolutions
Résolutions
Genre : aphorismes.
Ingrédients : finesse, poésie, un peu de tautologies et beaucoup d'eau.
Suggestion de présentation : l'éditeur a choisi une maquette qui renvoie directement au recueil d'aphorismes de Pierre Peuchmaurd À l'usage de Delphine. Ce n'est pas tant un hasard d'ailleurs, puisque l'un a ses résolutions comme l'autre avait ses fatigues. En plus de nombreux recueils de poésie, Albarracin est également l'auteur de Pierre Peuchmaurd, témoin élégant (L'Oie de Cravan, 2007), ainsi que d'une monographie accompagnée d'un choix de textes aux éditions des Vanneaux.
"Je n'y crois pas une minute, mais je veux bien en douter une heure."
*
"Les pilules qu'on avale sont les oeufs de couleuvres."
*
"L'homme est un loup qui mange la chèvre avec du chou."
*
"Qui peut peu croit beaucoup."
*
"La rouille, l'or autant que fer se peut."
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Résolutions, de Laurent Albarracin, Montréal, éditions de L'Oie de Cravan, 2012.
Vient de paraître également, du même auteur, Le secret secret, aux éditions Flammarion (2012).
La cour des miracles
À Paris, c'est encore aux puces de Saint-Ouen que se trouve la cour des miracles.
Discret clin d'oeil aux Jardins statuaires de Jacques Abeille et aux jardins anarchiques chers à Bruno Montpied (voir à ce propos son très beau livre, Les Jardins anarchiques, aux éditions L'Insomniaque).
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