Les éditions Le Dilettante ont publié discrètement cet été Paris, mon pote, de Robert Giraud. Grand bien leur en a pris.
Tout limougeau qu'il est, Robert Giraud fut l'un des plus fins observateurs du Paris d'après-guerre, où il a débarqué encore jeune à sa sortie de prison.
Dans la lignée des piétons-piliers de bar-poètes-amoureux de leur ville, c'est logiquement que Giraud fut l'ami de l'autre Robert, Doisneau, mais encore de Jacques Prévert et de Jacques Yonnet, l'auteur de l'unique et inoubliable Rue des maléfices.
Si les amateurs considèrent Le Vin des rues comme son meilleur livre, Paris, mon pote n'en n'est pas moins intéressant.
Recueil d'articles parus dans diverses revues, qui sont autant de portraits touchants de ce Paris alors en train de disparaître, on y retrouve quelques uns des classiques de l'imaginaire parisien: les bals musettes et le flon-flon, les fortifs, les Gitans de Paris, la porte de Montmartre, le canal Saint-Martin, le tout sous l'œil vigilant des concierges et des hirondelles en vélo.
Extrait:
"Les pianos mécaniques, ceux qui les ont pratiqués en conservent une nostalgie semblable à celle que ranime un parfum reniflé par hasard sur un mouchoir abandonné à la suite d'une nuit d'amour inespérée, les pianos mécaniques, donc, ont fait leur temps. Par la magie d'une pièce de deux sous en bronze, la vraie, d'avant-guerre, la grande, ils rythmaient les heures, les unes après les autres, des réunions intimes tenues dans les estaminets des bordels de province. C'était indispensable."
On se délectera en passant de la préface d'Olivier Bailly, qui prépare aux éditions Stock une biographie de Robert Giraud sous le titre Monsieur Giraud, vous ne serez jamais un garçon sérieux.
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- de Robert Giraud : Paris, mon pote, Paris, éditions Le Dilettante, 2008, 157 p., 17 euros / 34,95$ Can.
- de Jacques Yonnet : La Rue des maléfices, Paris, éditions Phébus, coll. "Libretto", 10,50 euros / 20,95 $ Can.