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La zone d'inconfort















E
n règle générale, lire des nouvelles de Raymond Carver revient à pénétrer directement dans l'intimité de gens ordinaires au moment où ils sont confrontés, sinon à une crise majeure, du moins à un choix difficile. Puis le rideau se referme aussi vite qu'il s'était ouvert, laissant le lecteur en proie à une certaine mélancolie, sans avoir le fin mot de l'histoire.
Dans cette Amérique des années 70, Jonathan Franzen grandissait dans une banlieue vaguement bourgeoise de Saint-Louis.
Or, dans son dernier livre, La Zone d'inconfort, l'auteur des Corrections revient sur ces années de sa vie, de son adolescence dans le Missouri à ses premières années de mariage à New-York, au cours desquelles il a lentement construit son identité actuelle.

Cela nous est donné à lire sous la forme de six longues nouvelles qui sont comme autant d'épisodes incomplets et désordonnés qui, justement, rappellent l'univers de Carver.
De digressions en parenthèses, Franzen évoque tour à tour l'attachement de ses parents aux valeurs morales, les week-end d'intégrations mixtes organisés par Camaraderie, le groupe paroissial de Webster Groves, les chahuts dans son lycée, sa découverte de la littérature allemande dans la langue, une interprétation sociologique de Charlie Brown et de Peanuts et sa passion pour l'ornithologie en dépit de ses piètres qualités d'observation.
Ça a la douceur de l'anodin et la profondeur du souvenir, la légendaire efficacité de la simplicité à l'américaine, et une pincée d'humour désabusé à l'européenne.


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La Zone d'inconfort, Paris, éditions de l'Olivier, 2007, 253p., 21 euros/29,95$ Can.

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