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Du patriotisme appliqué au vent du nord


Si le mois de février est idéal pour faire de la luge sur la Montagne et marcher en raquettes dans les cimetières, c'est aussi le moment rêvé pour rester au chaud chez soi et s'attaquer aux piles de livres en retard.
Ne serait-il pas, par exemple, plus que temps de lire ces chroniques parues en 1877?

Avec son air polisson et sa moustache de mousquetaire, Hector Fabre fut un chroniqueur moderne de son temps, croquant non sans malice la société québécoise des années 1860 et 70, quelque part entre un Samuel Pepys hors de Londres et un Pierre Foglia sans vélo.

Or donc, à propos
du fanfaron Fabre et du frileux février, voici ce que le premier écrivit dans sa chronique du 19 février 1866, à propos de l'hiver.

"Notre climat atteint sa perfection lorsqu'il y a dix pieds de neige dans les champs et que les nez gèlent avant d'avoir le temps d'éternuer pour appeler au secours. Ceux qui alors regrettent l'ombre tant vantée des grands bois et le murmure des clairs ruisseaux, ne sont pas de bons Canadiens. Le froid perçant, la neige, le vent du nord, font partie de notre patrie, il les faut aimer; s'ils redoublent, il faut s'en frotter les mains, d'abord pour les réchauffer, ensuite en signe de réjouissance patriotique. Il n'y a vraiment que les âmes tièdes qui aient l'onglée aux doigts. L'homme qui aime ardemment son pays, n'y gèle jamais."


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Hector Fabre, Chroniques, paru à Québec en 1877 à l'imprimerie de l'Événement.
Montréal, éditions Boréal, coll. "Compact classique", 2007, 295 p., 12, 95$



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Miam ! "Samuel Pepys hors de Londres et Foglia sans vélo" - avec une touche d'Alphonse Allais ("L'homme qui aime ardemment son pays, n'y gèle jamais" - éclat de rire de ce dimanche soir) - Il me le fôôô !