Photos, livres, aventures.

Histoire de l'oeil








(photo extraite d'Un chien andalou, de Luis Bunuel et Salvador Dali)






En tant que photographe, ou supposé tel, je me plais parfois à penser que j'ai un certain sens de l'observation, que d'un œil de lynx je repère instantanément le détail isolé dans le décor, que, subtilement, je remarque l'imperceptible variation de la lumière au passage du cumulus, et que la composition d'une image est décidément un jeu d'enfant. Mais je viens de m'apercevoir que je devrais peut-être reprendre certaines bases.

Tandis que, dans un mouvement de doute, je me penchais plus près qu'à l'accoutumée sur mon miroir, je remarquais l'autre jour la présence d'un petit trou dans le coin gauche de mon œil droit.
Horreur! Devais-je le boucher sur le champ avec un peu de plâtre? Allais-je me vider à mon insu de mes flux essentiels? Quelqu'un était-il déjà passé par là?
Ayant déjà relevé quelques cas étranges de symétrie dans la physionomie humaine, je fermais l'œil droit pour mieux me concentrer sur le gauche. Vérification faite, lui aussi semblait avoir été victime d'un coup d'aiguille à travers une serrure.
Sur le coup, j'en aurais pleuré, et c'est ainsi que je compris, que, contrairement à ce que je pensais depuis trente ans, l'eau ne nous déborde pas des yeux lorsque nous sommes émus ou aspergés de gaz lacrymogène. Il y a bel et bien un trou des larmes.

C'est ce qu'on appelle avoir le compas dans l'œil.






1 commentaire:

Anonyme a dit…

belle image. photographe triste, je te comprends. Bataille, là, je ne vois pas.