Photos, livres, aventures.

Les bandes annonces de l'enfer






























Cinéphiles du kitsch, amateurs de ce que le cinéma d'horreur a produit de plus ringard, voici venu le site qui fera le bonheur de vos lundi matin au bureau et des jours de congés sous la pluie.
Trailers from Hell n'a qu'un seul bon goût, celui de réjouir les adeptes d'Ed Wood en présentant les bandes annonces d'époques de ces chefs d'oeuvre engloutis des années 50.

Chaque bande annonce est disponible en deux versions, avec ou sans commentaires, et comme ces commentaires sont eux-mêmes faits par des réalisateurs avertis, John Landis (Blues Brothers) et Joe Dante (Piranhas, Gremlins), on a un peu l'impression de relire les chroniques de Manchette (1), mais en images et en anglais.


L'attaque de la femme de 50 pieds, Vampire lovers, Invaders from Mars... Certes, Michel Serreault est mort et c'est bien triste, mais les monstres du cinéma ont encore de beaux jours devant eux.



______________________________________________________________________
(1) Les yeux de la momie, Paris, éditons Rivages, 1997.


Question de météo



le fondateur de l'institut de sondage VPAP en pleine action
______________________________________




Les résultats définitifs de notre premier sondage, enfin publiés.

À la question "quel temps fera t'il demain?", vous avez répondu:

- oui, à 12%
- non, à 12%
- peut-être, à 25%
- jamais de la vie, à 50%

Ce qui nous fait un beau total de 99%.
D'autres interrogations essentielles suivront.




Des pires et des pas pures
















À
ceux qui s'obstinent à vouloir lire du "léger" sous prétexte que c'est l'été, le Manuel de civilité pour les petites filles... de Pierre Louÿs ne pèse rien dans une valise et il vous procurera quelques suées, même si vous avez choisi de passer votre été sur les plages de la mer du Nord.


****************
Au bal
Une jeune fille bien élevée ne pisse pas dans le piano.

Au musée
Ne crayonnez pas de boucles noires sur le pubis des Vénus nues. Si l'artiste représente la déesse sans poils, c'est que Vénus se rasait la motte.

À l'église
Si vous baisez l'après-midi dans une église de campagne, ne vous lavez pas le cul dans le bénitier. Loin de purifier votre péché, vous l'aggraveriez au contraire.

À la campagne
Ne branlez pas sept ou huit petits paysans dans un verre pour boire le foutre avec du sucre. Cela vous donnerez mauvaise réputation dans le pays.

Avec le président de la République
Si, de votre plein gré, vous couchez avec lui, et s'il vous prie de lui faire pipi dans la bouche, ne lui objectez pas que cet acte serait indigne du respect que vous lui devez. Il connaît mieux le protocole que vous.

************************


Et caetera, s'en suivent des pires et des pas pures.




__________________________________________

- Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation, (1926), Paris, éditions Allia, 1996, 100p, 6,10 euros / 10,95 $Can.



Screaming eagle















L'aigle qui crie. Tout de suite en fançais ça sonne beaucoup moins bien, le rapace prend des allures de tourterelle enrouée.





Court roman de chevalerie






























Les Aventures de Minette Accentiévitch se lisent de préférence au lit, ou dans un hamac selon la saison, car en plus d'être un très bon livre, c'est une incitation à la sieste dite "crapuleuse".
Dans une ville que l'on suppose pas trop grande, quelque part en Serbie, une jeune fille hyper sexuée saute sur tout ce qui bouge, et même sur ce qui ne bouge pas si le besoin s'en fait sentir, le tout en se posant le moins de questions possibles.
Les amateurs du genre reconnaîtront en Minette quelque chose du personnage de La Petite, d'Anne Marbrun. Une petite qui aurait atteint la majorité un peu par hasard, élevée par un "oncle" pervers sorti d'un film de Kusturica.
Parmi les innonbrables amants de Minette, tous ne sont pas chômeurs et alcooliques, on trouve aussi un directeur de musée et un poète, mais aucun chef d'orchestre, elle les déteste.
Au fil des chapitres très courts qui sont autant de saynètes de la vie agitée de Minette, on craint d'abord la vulgarité et le cynisme, un étalage gratuit de combinaisons sexuelles, mais on est assez vite touché par une certaine innocence qui se dégage malgré tout du personnage. D'ailleurs, il est prouvé qu'elle est douée de sentiments puisqu'elle pleure en écoutant un poème composé pour elle par un de ses soupirants.

Revigorant donc, comme le dit l'éditrice, c'est effectivement une nouvelle bonne trouvaille pour la fine équipe des Allusifs que ce minou-là. Quant au sous-titre, Un court roman de chevalerie, il reste un complet et plaisant mystère.



On peut en lire un extrait ici-même.

_________________________________

- Les Aventures de Minette Accentiévitch (court roman de chevalerie), de Vladan Matijevic, traduit du Serbe, Montréal, Les Allusifs, 152 p, 19,95 $Can / 14 euros, 2007.


Anges et poteaux

















P
as de colonne Morris à ma connaissance à Montréal, mais des milliers de poteaux électriques bien vivants qui sont autant de lieux d'annonces publiques en tous genres, jusqu'aux plus surprenants.








Simili sky





Célébrer une naissance est a priori une chose agréable, surtout lorsqu'il s'agit de celle d'une maison d'édition. C'est donc dans la joie et la bonne humeur que nous signalerons les premières parutions fraîchement imprimées des éditions Simili Sky.
C'est sous l'impulsion de Véronique Loret, qui en d'autres temps avait créé et animé L'Embellie Roturière (1), que Simili Sky a donc vu le jour à la fin du printemps. Les deux auteurs à ouvrir le bal sont Éric Ferrari, avec Un rien d'air, et Pierre Peuchmaurd avec Scintillants squelettes de rosée.


Délicats et sensibles à la fois, les petits livres de Simili Sky ne se trouvent pas sous le sabot d'une jument de trait comme la Fnac, mais il est par contre facile et agréable de les commander en écrivant directement à la source:

Éditions Simili Sky
Véronique Loret
9, rue Garibaldi
93400 Saint-Ouen
France

Les plus modernes pourront aussi écrire à: veronique.loret@tele2.fr



**************************
- Un rien d'air, Éric Ferrari, 84 p, 15 euros.
- Scintillants squelettes de rosée, Pierre Peuchmaurd, 104 p, 15 euros.

(1) à L'Embellie roturière, on avait pu découvrir - entre autres - les Ossements dispersés du grand Jimmy Gladiator. (1994, 92p.)

Le croquant indiscret






































Ah! Le 14 juillet, ces cierges, ces linceuls!
Car si le 13 est le jour d'Emmanuel Bove, le 14 est bien celui de la mort d'Henri Calet.


Un jour de deuil donc, "pas national non, mais presque", comme dirait l'autre.



















Le pressentiment












À
ceux que la superstition n'effraie pas, rappelons tout de même qu'en d'autres temps, un certain vendredi 13 de juillet 1945, Emmanuel Bove mourait dans son lit, tandis que sa femme fermait les volets pour ne pas entendre les préparatifs de la fête.


"Las de chercher, il s'assit dans le fauteuil et ferma les yeux pour ne pas voir l'obscurité."

(Le Crime d'une nuit, in Henri Duchemin et ses ombres)



***************
À lire: au moins Mes amis, puis Armand, Le Pressentiment, etc.
À consulter, le très complet site officiel consacré à Bove.




Ne confondons pas




N
e confondons pas un mausolée pour Bove, et une camisole pour Bové.





.

La belle sans chemise


















T
iens, on reparle de
Renée Dunan.
Mais si, souvenez-vous, le catalogue des prix d'amour de Marcelle Lapompe.








********
image et informations sur Renée Dunan prises sur l'Alamblog de Éric Dussert


L'égout et les couleurs









































Plaques de goûts, c'est le titre du projet monté par Frank Bragigand et soutenu par l'association Dare-Dare, sise au Parc-Sans-Nom.

Quand l'égout et les couleurs se mélangent enfin, on a plaisir à regarder où l'on marche.





.

Jeu des sept erreurs






























Ami lecteur, regarde bien ces deux images, et dis moi ce qui ne va pas avec celle de droite.


Autrement dit, pourquoi faut-il qu'un éditeur disposant d'une couverture aussi emblématique, plus belle encore à mon goût que celle de la "blanche", à la fois sobre et élégante, vienne tout gâcher en la couvrant d'une jaquette ridicule?
Il n'est aucunement question de porte dans ce roman, et encore moins de rose. Pourquoi pas une photo de deux chatons dans un panier de pelottes de laines tant qu'on y est?
Pour attirer le chaland? Foutaises. Pour un roman à l'eau de rose chez Michel Lafon ou un thriller ennuyeux chez Albin Michel, l'argument est déjà à peine recevable, mais là.

Inutile donc, moche, et qui contribue à augmenter le prix des livres alors qu'ils sont déjà bien trop chers.
Tout pour plaire.

Mais que fait la police?






À l'ombre du doute (Sept mensonges)


Dans la catégorie des livres dont on n'a pas vraiment parlé mais qui en valent la peine, Sept mensonges, de James Lasdun, est un sérieux prétendant.


Qu'un auteur anglais, installé aux États-Unis où il enseigne rien de moins que la création littéraire à l'Université de Princeton, se glisse dans la peau d'un dissident de l'ex-RDA, voilà qui m'avait intrigué.
N'étant pas à la source de toutes les informations essentielles (1), je n'avais pas remarqué la parution en 2004 de L'Homme licorne, du même auteur, sans quoi j'aurais pu aujourd'hui jouer au plus fin sur l'air de "vous voyez, je vous l'avais dit, avec un titre comme ça, ce ne pouvait être qu'un bon auteur".
Mieux que ça, James Lasdun est un véritable écrivain, rusé, intelligent, maître de son écriture. Les sept mensonges que l'on découvre sont ceux de Stefan Vogel, un poète dissident d'Allemagne de l'Est, exilé à New York avec sa femme en 1986. Une vingtaine d'années plus tard, tandis qu'il espère être suffisamment intégré à la société américaine pour ne plus jamais avoir se justifier, voilà que son passé le rattrape, sous la forme d'un verre de vin jeté au visage. S'en suit le récit de la jeunesse de Vogel à Berlin-Est dans les années 70-80 dans sa famille aisé de pointures du parti.
L'originalité et l'intérêt du roman viennent d'une part du fait que l'auteur parvient à nous faire oublier qu'il n'est pas écrit par un Allemand, tant le quotidien de la vie domestique, politique et artistique est soigneusement décrit et détaillé; d'autre part de la poésie, laquelle se retrouve au coeur de l'intrigue, moteur innocent de bien des complications.
Parce qu'il a la faiblesse de ne pas savoir dire non quand on lui demande si il est poète, Vogel enfant se voit contraint de plagier et de mentir pour ne pas perdre la face et ne pas "hériter d'un désavantage". C'est encore par faiblesse, parfois pour séduire, mais le plus souvent pour ne pas contredire et ne pas prendre de risques inutiles qu'il entretiendra en grandissant cette croyance qu'il est effectivement poète, d'abord dans sa famille, puis jusque dans les milieux de la contre culture, perdant pied rapidement dans les eaux du mensonge et du chantage.
Mais au delà de la vue d'ensemble sur l'omniprésence de la Stasi dans un pays et une époque où même les militants de l'opposition sont suspectés de surveiller leurs voisins, c'est l'ombre d'un géant littéraire qui plane sur ce roman, celle de Nabokov.
Pas un hommage ni un plagiat, plutôt un non dit, comme un silence qu'on laisse durer pour entretenir le doute. Comme si Lasdun lui-même, le fait qu'il enseigne dans une université prestigieuse, européen exilé, feignant - en tant que narrateur - de revenir sur un passé trouble, le rapprochait du personnage de Pnine. Et bien sûr - surtout - les liens étroits qui unissent la littérature et le destin du personnage, sa faiblesse de caractère, le fait de ne trouver que de fausses solutions créant des problèmes là où de toute évidence il n'y en avait pas.

On ne peut pas enseigner la littérature à Princeton et ignorer que ce soupçon de "nabokovisme" plane sur soi, d'où il ressort peut-être un peu d'orgeuil de la part de l'auteur, mais il serait dommage de se priver de ce livre pour autant.



___________________________________________
(1) ou comment éviter de dire tout simplement qu'on est passé à côté d'un livre.


- Sept Mensonges, de James Lasdun (traduit de l'anglais par Pierre Charras), Paris, éditions Gallimard, coll. "Du monde entier", 2007, 248p., 19,50 euros/36,95 $Can.
- L'Homme licorne, de James Lasdun (traduit de l'anglais par Pierre Charras), Paris, éditions Gallimard, coll. "Du monde entier", 2004, 232p., 18,50 euros/29,95 $Can.