Photos, livres, aventures.

"Jésus crie, et la caravane passe" (Coluche)



On les dit modernes et c'est souvent vrai, mais les pays scandinaves comme les autres on leur moments de faiblesse; la preuve avec cette nouvelle pêchée dans les incontournables "best of" de fin d'année.
En Finlande, "deux couples estoniens ont remporté les médailles d'or et d'argent du championnat du monde du "porter de femme", une épreuve finlandaise de virilité, qui consiste en une course d'obstacles de 253 mètres à réaliser en un minimum de temps en portant une femme sur ses épaules ou dans ses bras. La "charge" doit être âgée de 17 ans au moins et peser au moins 49 kilos." Amies féministes, bonjour!

Dans un genre différent mais tout aussi con, au Gabon, "un pasteur pentecôtiste de l'Eglise "de Réveil" s'est noyé sur une plage de Libreville en voulant marcher sur l'eau, à l'instar de Jésus-Christ. Le pasteur d'origine camerounaise aurait eu une révélation lui permettant de rallier la Pointe-Denis, séparée de Libreville par l'Estuaire du Komo, une traversée d'une vingtaine de minutes en bateau. Le serviteur de Dieu a tout simplement sombré sous l'objectif d'un photographe qu'il avait pris comme témoin du miracle et de quelques fidèles auxquels il avait promis la guérison." (AFP). Encore une preuve édifiante des multiples dangers de la religion.

Enfin, pour rire un peu, voici les voeux des Têtes à claques, une série d'animation québécoise comique. Ils sont rapidement devenus très populaires au Québec et ils me font moi-même beaucoup rire chaque semaine.



Voyage en France





J'ai parfaitement conscience que depuis deux semaines il flotte un certain relâchement dans les mises à jour de ce blog. Trève des confiseurs oblige, je passe mon temps à m'empifrer de foie gras et de chocolat.
Néanmoins, si pour une fois j'ai carrément mis la lecture entre parenthèses (bien que j'ai reçu plein de bonnes choses à Noël), je ne fais pas complètement rien de mes journées. Ainsi, après une arrivée triomphale à Paris, marquée par l'apparition de biches sur mon passage et par les ouvertures successives de plusieurs bouteilles de champagne (pour faire mousser mon ego?), me voici de retour dans ma contrée natale, la belle et immobile Corrèze.
Voici donc une photo fraîchement cueillie cet après-midi. Il y en a déjà quelques unes et j'en ajouterai si quelque chose de beau et bon venait à se présenter.




Vaudou en Aquitaine






Après l'année Mozart et le cinquantième anniversaire de la mort de Henri Calet (accompagné au Mercure de France par la réédition d'un recueil d'articles, Acteur et témoin), nous fêtons aujourd'hui même le vingt-neuvième anniversaire de la mort du très oublié mais très regretté Jacques Tourneur.

Rappelons pour ceux qui n'auraient pas fait d'études de cinéma ou qui n'auraient pas regardé régulièrement le Ciné-club, que Jacques Tourneur fut un génie. Français, il fit carrière à Hollywood comme réalisateur de films de série B dans les années 50, et il marqua le cinéma d'épouvante de quelques chefs-d'oeuvres, tels que Vaudou, La Fêline, La nuit du démon... Quelques uns de ces films ont d'ailleurs été réédité en DVD.

Mais le mystère reste entier, comment un réalisateur hollywoodien ayant tourné des films d'épouvante avec pour toile de fond le vaudou haïtien a t'il pu mourir le 19 décembre 1977 à... Bergerac?









Recyclage intentionnel et poésie involontaire




Chômeur de luxe, actuellement en tournée mondiale à Paris, je retrouve ma ville pour la première fois depuis près d'un an et demi. Etrange, très étrange sensation éprouvée en arpentant ces rues si différentes de celles de Montréal et que je connais si bien. L'impression dès le premier jour que j'aurais pu marcher les yeux fermés. Heureusement, je ne l'ai pas fait, ce qui m'a permis de faire une première photo en arrivant dans la rue où se trouve encore l'appartement dans lequel j'ai vécu (note pour plus tard: songer à y mettre une plaque dorée sur la porte).

Comme quoi la poésie involontaire n'a pas encore complètement disparu de Paris, malgré les efforts de la voirie.

Chili con charnier

Une des plus grandes crevures du XXème siècle est morte, réjouissons-nous. L'infâme Pinochet de mon enfance peut donc enfin entrer au Panthéon des dictateurs. Un seul regret : qu'il soit mort en toute impunité, n'ayant jamais été jugé pour ses crimes. Espérons qu'au moins le bourreau soit mort dans d'horribles souffrances.

La neige, le Mexique et le sang





Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A la douleur que j'ai, que j'ai!


Que l'on se rassure, je n'ai pas retouché à la vodka depuis samedi dernier et je n'ai pas non plus sombré dans les affres de la dépression hivernale.
Les lecteurs québécois auront reconnu les premiers vers du plus connu des poèmes d'Émile Nelligan, qu'ils ont certainement appris par coeur à l'école, pour les autres, sachez qu'il s'agit de l'un des deux poètes québécois les plus officiellement consacrés, l'autre étant Gaston Miron. Attention, je n'ai pas dit "bon", mais "officiel", ce qui rappelle le désespérant manque d'imagination et de renouvellement des gouvernements lorsqu'il s'agit de culture.

En fait, tout ça c'était pour dire que l'hiver étant enfin là, il va être temps de penser à se réchauffer (ah! sagesse populaire, quand tu nous tiens!). Pour cela, on peut s'acheter un manteau à 600$ que vous garderez même pour dormir (étant entendu qu'à ce prix là vous n'allez pas en plus vous ruiner en chauffage électrique). On peut aussi s'injecter de la poutine de patates douces en intraveineuse, ça aide à épaissir le sang.
Une autre solution consiste à lire des livres ensoleillés. Par exemple, vous pourriez commencer par L'Escadron guillotine, de Guillermo Arriaga, fraîchement paru aux merveilleuses éditions Phébus. Arriaga, plus connu comme scénariste de Amours chiennes, 21 grammes et Trois enterrements, nous offre ici un roman court et pétillant dans lequel on suit les mésaventures d'un ambitieux bourgeois incorporé malgré lui dans la prestigieuse Division Del Norte de Pancho Villa, en pleine révolution . Guillotine, mezcal et humour noir se mélangent à merveille et l'on passe un très bon moment.
Pour faire suite à cette aventure mexicaine et pour rester dans cette zone tumultueuse, entre le nord du Mexique et le sud des États-Unis, quoi de mieux que de franchir le Méridien de sang, de Cormac McCarthy? Paru en France en 1988, ce n'est pas exactement une nouveauté, mais il fait partie du programme que je me suis fixé de rattrapage des "livres à lire bien qu'ils aient existé avant que je naisse à la lecture".
Voici donc un roman crépusculaire à l'écriture minérale, où la nature est omniprésente. Une bande de brutes sans scrupules et sanguinaires arpentent les déserts de Chihuahua et Sonora et y massacrent les Indiens pour cent dollars le scalp. Dans les Inrocks de l'époque, Philippe Garnier disait de ce livre qu'il était un mélange de la Horde sauvage et de Moby Dick.
Il avait bien raison.





(Méridien de sang est disponible en poche dans la collection "Points".)



Poésie mise en orbite


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Ceci pour rappeler à nos nombreux lecteurs vivant dans la région de Montréal et grands amateurs de poésie et de beaux livres, qu'ils sont les bienvenus à cette nouvelle soirée de lancement organisée par L'Oie de Cravan, l'éditeur lent mais de qualité.




Météo mondaine

L'action se passe à Montréal, en toute logique, vu que c'est là que j'habite.

jeudi 30 novembre: 15 degrés au soleil, lecture à la terrasse du club social italien.

vendredi 1er décembre: tempête de verglas, la moitié de la ville est plongée dans le noir. Pas nous, j'en profite pour lire un peu.

samedi 2 décembre: invité à faire la fête dans un bar, il fait subitement -15 en fin de soirée, j'en profite pour aller fumer sur le trottoir (avec plus de la moitié des clients).

dimanche 3 décembre: horrible gueule de bois, je crois bien que je suis encore saoul en me levant, pourtant il neige vraiment.

Trente degrés de perdus en deux jours, quelques vodkas et une première "vraie" neige, qui a dit que la vie de chômeur était ennuyeuse?



À l'Ouest


Ouest n'a donc rien gagné et c'est bien dommage. Le roman de François Vallejo était pourtant en bonne place dans la liste finale du Goncourt. Bien sûr, être finaliste, ou même gagnant du Goncourt ne signifie pas que l'on ait écrit un bon livre, mais celui-ci a le "quelque chose" de spécial, le grain particulier qui fait que l'on accroche et qu'on se laisser happer par son univers étouffant.
Dans une Vendée d'après la chouannerie et qui rêve encore de retour à la monarchie, Vallejo chasse sur les terres de Barbey d'Aurevilly et installe un huis clos en extérieur qui s'étale sur près de vingt ans. Les limites du décor sont celles du domaine d'un baron un peu allumé, mi républicain, mi-libertin, fasciné par Victor Hugo et rêvant avant tout d'entrer dans l'Histoire grâce à ses idées modernes. Face à lui, le garde-chasse du domaine, habitué à servir les lubies de ses maîtres sans poser de question, et pour qui la république importe beaucoup moins que la chasse, sa meute de chiens et sa bonne réputation.
Tout cela pourrait faire un récit académique parfaitement soporifique si le ton résolument moderne de Vallejo ne venait le dynamiser. Il faut même un certain temps d'adaptation à la façon dont les pensées et les dialogues sont intégrés au coeur du texte, mais comme l'auteur manie l'ellipse et joue à éviter les clichés avec beaucoup d'habileté, on finit par le suivre là où il veut nous mener, au coeur de l'obscure forêt bretonne et de l'affrontement entre ces deux hommes que tout oppose.