Photos, livres, aventures.

Florilège

Avant de tous aller boire excessivement ce soir en divers lieux de débauche, vous fûtes nombreux cette année, pour des raisons que l'on ignore encore, à perdre du temps sur ce site au lieu de travailler. Certains s'y sont retrouvés délibérément, d'autre ont pris des voies plus hasardeuses. Parmi les mots ou les associations de mots qui vous ont mené ici, en voici quelques uns garantis authentiques et pourtant improbables de prime abord:

- Emile Nelligan la passante explication
- slogan sur les chevaux
- plongeur dans le soleil (Antoine)
- photo de l'étalon de lanne mont sur la jument (sic)
- poème sur le soleil couchant sous les tropiques
- le doute et les mensonges
- cabaret prozac
- pubis jeune fille
- manuel de civilité
- questionnaire indiscret à poser à un ami
- photos vieillards lubriques
- cochon d'Allemand
- photo banc de messe
- les crêpes d'Antoine
- 69 rue du Chat Noir
- la superstition dans la vie et dans le roman
- invasion mouche garage
- où se trouve l'émisphère nord sur une carte


Et ainsi de suite. Allez comprendre.




Série noire


















La semaine dernière, mouraient coup sur coup Christian Bourgois et Julien Gracq. Une grande perte pour le petit monde des lettres, dont nous fûmes attristés comme il se doit.
Ce qui ne nous empêcha pas de marcher dans les rues de Paris quelques jours après, et d'y constater que nous n'étions pas les seuls à regretter ce beau monde.







À midi



à Benoît Chaput




À midi, chacun lave son linge sale à sa porte.
Il nettoie comme il pleut.









Sans Marguerite







































Quatre heures et demie du soir en hiver.
Ce n'est pas un titre de livre, c'est simplement l'heure à laquelle
il fait nuit sous nos latitudes sombres.

De l'utilité des cabines téléphoniques




































En cas d'urgence, briser la glace.


Ah! Ils ont bien ri en été ceux que la modernité satellitaire a séduit de ses attraits sans fil, mais qu'ils m'expliquent aujourd'hui comment ils se protègent des tempêtes de neige avec leur cellulaire.




Prévoyance











P
arfois, comme aujourd'hui, je me félicite de ne pas avoir arrêté de fumer, sans quoi j'aurais été obligé de recommencer.






Les mystères de Paris et les Éléphants de la patrie















A
u mois d'octobre à Paris, la police des égouts a découvert un cinéma et un bar clandestins de plus de 400 m2,
dans les catacombes sous le Trocadero. D'après la dépêche, une enquête aurait été ouverte pour "vol d'électricité".

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Vous êtes intéressés par le sous-sol parisien, ses mystères, son usage illicite par d'interlopes nyctalopes, et son phénoménal pouvoir d'attraction sur la littérature populaire?
Il est donc temps pour vous de lire Les éléphants de la patrie, le nouveau livre de Jimmy Gladiator, en vente dès aujourd'hui!
Anar sincère et flamboyant, merveilleux poète, auteur entre autres de À spleen vaillant d'un rien possible, Gladiator livre ici son grand roman populaire, façon Zévaco déjanté publié dans la Série Noire. Calembours grotesques et jeux de mots foireux sont au rendez-vous, ça fait partie du charme de l'auteur, mais aussi de l'action et des rebondissements, avec notamment l'attaque du marché de la poésie de la place Saint-Sulpice par une troupe d'éléphants. Jubilatoire.




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Les éléphants de la patrie, 2007, 320p, 13 euros; éditions Libertalia, 21 ter, rue Voltaire, 75011 Paris.

À spleen vaillant d'un rien possible, Paris, L'Harmattan, 2005.



Bleu brique sur fond clair




































En lettres blanches sur ce fond bleu, on aurait dit Bruxelles et c'était Montréal.

Quarante centimètres tout en couleurs à l'école de l'amour







À pieds, en ski, en traineau, ils sont venus. Une fois encore la preuve est faite que rien n'arrête un lecteur forcené, pas même les quarante centimètres de neige tombés depuis la veille.
C'est ainsi que cette semaine
L'Oie de Cravan a pu lancer sans coup férir deux nouveaux livres que l'on retrouvera sans tarder dans toutes les listes de Noël dignes de ce nom.

Elle et moi, de Gigi Perron, reprend l'intégralité de la BD parue dans Elle Québec, et l'on retrouve avec plaisir l'humour doux-amer qui faisait le charme de son précédent livre, Bandes d'humains (2003).
Notons qu'une fois encore, l'éditeur lent a renoncé à faire fortune en offrant au lecteur un tirage tout en couleurs.

De son côté, Julie Doucet continue avec À l'école de l'amour d'explorer le mélange de poésie et de collage qui nous avait déjà valu Je suis un K et Elle-humour. C'est souvent cynique, parfois cru - ou le contraire - ça ressemble à la vie certains mauvais jours, et dans le genre "réalisme noir" qui a fait sa marque du temps où elle publiait son journal, Julie Doucet trouve souvent le mot juste et simple qui fait que l'on s'y retrouve.



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Elle et moi est d'ores et déjà disponible en librairie au Québec, mais il faudra malheureusement patienter jusqu'au mois de janvier pour se procurer À l'école de l'amour.


Nuits fériées - Visiteurs uniques - Laboratoire clandestin

Qui l'eut cru? En ce début décembre, tandis que les banquises fondantes s'émiettent nuitamment sur les toits de Montréal et que les Russes se rendent une fois de plus pieds et poings liés au malade qui leur sert de chef, ce blog fête discrètement son premier anniversaire.

Pour l'occasion nous offrons à nos lecteurs et trices assidu(e)s une semaine complète de nuits fériées, ce qui, sous nos latitudes quasi australes, est une offre des plus avantageuses en cette saison.
Partant de rien, je ne m'attendais pas à grand chose en commençant l'an dernier à exposer mes photos et mes insignifiants commentaires, et pourtant, chaque mois un peu plus nombreuses, les visites ont continué à se succéder les unes aux autres, au point que nous devrions atteindre les 7000 visiteurs uniques (en langage internautique) d'ici une dizaine de jours.

Cela, évidement, a pour fâcheuse conséquence de m'encourager à continuer. Or, je vois bien qu'il y a longtemps que je n'ai pas mentionné l'Oie de Cravan et ses parutions sucrées.
Une éternité que je n'ai pas parlé de livres non plus, et pourtant. Ce n'est pas faute d'en avoir lu, mais encore faudrait-il avoir lu les bons. Ça reviendra, il s'agit seulement de faire une bonne pioche dans la pile d'attente près du lit.
Enfin, il sera temps bientôt de dévoiler le projet secret que nous fomentons depuis des mois dans le sous-sol d'un entrepôt en ruine au cœur du quartier chinois. De ce laboratoire clandestin encombré de machines que nous ne maîtrisons pas toujours, devrait surgir dans les prochains jours une créature étrange, née des cerveaux malades de quatre personnes dont trois au moins ne sont pas moi.
Cela s'appellera Le Bathyscaphe, en toute simplicité, et de cela aussi nous gloserons bientôt.










Chaque jour est une oie



















Nombreux sont les sceptiques, et parmi eux, une part importante refuse obstinément de me croire lorsque j'affirme qu'il est évident que l'oie est l'un des totems majeurs de Montréal.
Bien sûr, l'Oie de Cravan fut notre premier indice. Puis vinrent les dizaines, les centaines et les milliers d'oies sauvages que nous entendions chaque automne au milieu de la nuit à leur passage sur la route du Sud.
Aujourd'hui, enfin, cette fresque naïve fraîchement redécouverte, et typique des indigènes du Plateau Mont-Royal devrait achever de mettre tout le monde d'accord.






Beau comme













Pourquoi résister? Citons une fois de plus l'ineffable Pierre Peuchmaurd:

"Beau comme cette femme qui "posait nue pour des poètes"."






Le tort russe


















Faire du tort "authentique" à la Russie, il fallait bien venir au pays de la poutine pour voir ça.

Pour ceux qui douteraient encore de l'importance de ce plat national, ils pourront se référer au livre nouvellement paru le plus sérieusement du monde: Maudite poutine, aux éditions Héliotrope.







Ruelle 34754





































- Encore une ruelle la nuit! se plaindront les uns.
- Encore une ruelle la nuit! s'exclameront les autres.
Quoi qu'il en soit, ce n'est certainement pas la dernière. Quand on n'a pas les moyens de voyager toute l'année, on fait avec les décors que l'on peut, et de toute façon, je ne m'en suis pas encore lassé. Alors.








Mon beau sapin










L
u dans le journal ces jours-ci. Après six mois de grève, les employés du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal, s'apprêtent à reprendre le travail. Ils viennent en effet de voter la fin des hostilités après que la compagnie qui les emploie leur ait finalement offert plus qu'ils ne demandaient.
La chose est rare, mais le moyen de pression l'était aussi, puisque pas moins de 248 personnes attendaient d'être inhumées.


En attendant, nous avions profité cet été de ce que les pierres tombales n'avaient pas l'air d'avoir la raie sur le côté pour y faire quelques images.






Je me souviens














A
ujourd'hui, 11 novembre, était le Jour du Souvenir comme disent les journalistes avec l'emphase de rigueur pour les commémorations avec lesquelles on ne plaisante pas.


Or donc, obéissant, je me souviens en effet que cela fait trente-cinq ans, quatre mois et douze jours que nous sommes sans nouvelles du grand Boby Lapointe. Certains le disent mort, terrassé par une maline angevine de poitrine, mais je refuse d'y croire.






Survivre au mois de novembre


















Le mois de novembre, on le sait, est l'un des plus importants du calendrier littéraire. Hier soir encore, à la librairie le Port de tête, les gens bien informés ont pu assister au lancement des nouveautés automnales de l'Oie de Cravan:


- Parfaits dommages et autres achèvements, de Pierre Peuchmaurd.


- Pierre Peuchmaurd, témoin élégant, de Laurent Albarracin.

- En temps et lieux
, de Patrice Desbiens.



Tous ces excellents livres sont d'ores et déjà en vente libre dans les bonnes librairies québécoises, et sur ordonnance dans les moins bonnes, en attendant tranquillement de fendre les flots jusqu'à la vieille France.
Certes, ce n'est pas encore le prix Nobel de poésie, mais ce n'est quand même pas tous les jours que l'on peut voir ainsi le somptueux catalogue de l'Oie de Cravan en vitrine.


Les amateurs du genre pourront assister jeudi prochain à 18h au même endroit au lancement de nouveautés des éditions Le Quartanier.


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Librairie le Port de tête, 262 Mont-Royal Est, Montréal.


Le lait des vieillards

























J'en connais qui n'ont pas besoin qu'on les encourage pour boire, mais cette affiche est particulièrement savoureuse.
Déjà, dans cette préhistorique publicité, les statistiques les plus précises entendent chiffrer notre vie, ainsi "87% des centenaires sont des buveurs de vin".








Post coitum, Anubis extile










































Dans la série Faune et flore des contrées sauvages du vaste Canada: l'anubis. Deux spécimen de cette espèce que l'on pensait disparue auraient été aperçus ces jours-ci à Montréal.







Les trois jambes du port de tête

Pour d'évidentes raisons de camaraderie et de filiation, nous faisons fièrement suivre ici l'annonce du prochain lancement de L'Oie de Cravan.



































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Fleurs bleues contondantes






















Pour ceux qui en douteraient encore, les CRS ne sont pas de simples machines, et sans aller jusqu'à dire qu'ils ont une âme, voici un lointain rappel de leur fragilité et de leur sensibilité.

Par esprit d'escalier, cela me rappelle La fleur bleue contondante, du merveilleux Boby Lapointe, le chanteur de la place de la Contrescarpe, et je me prends à rêver d'un quatuor magique: Alphonse Allais au saxo ténor, Raymond Queneau à la basse, et Jacques Prévert à la batterie.







Du bruit, de la fureur et des orang-outans

Y a t-il une vie en dehors du travail? Quand on officie comme moi dans une volumineuse librairie, en période de pré-prix littéraires, submergé par un tsunami quotidien de nouveautés et de réassort "spécial Noël", la semaine de la sortie du dernier volet des aventures du magicien acnéique dont la seule évocation provoque le bruit et la fureur, alors la réponse est non.

Heureusement, le soir, avant de me consacrer quelques minutes au sommeil, j'offre à mon esprit un moment de répit salvateur. Il faut dire que le bateau que nous attendions à finalement accosté et que, profitant de la longueur démesurée de leurs bras pour précéder les rats dans leur course, les orang-outans ont quitté le navire pour venir se glisser entre les pages d'un livre blanc que je m'apprêtais à lire.

Il s'agit bien évidement de Sans l'orang-outan, le nouveau et très bon roman d'Éric Chevillard, que nous ne présentons plus.







Peinture rupestre


















Peinture rupestre dans les ruelles, c'est rassurant, cela veut dire que je n'ai pas encore épuisé toutes les ressources du quartier.

L'échangeur échangé


















Changer l'échangeur, le Turcot, le monstre du pont Champlain de Montréal, afin de le mettre "à plat" et sans jamais interrompre le trafic, tel est, sur dix ans, le défi lancé aux ingénieurs.
Il est donc temps de photographier ce mastodonte afin d'enrichir nos archives futures, section Je me souviens de l'architecture.







Aérien quoi qu'il en soit

À l'instant même, des bruits bien étranges viennent du dehors, à la fois sourds et aériens. Les voisins, comme moi, se pointent à leur fenêtre.
De deux choses l'une, soit c'est un feu d'artifice, soit c'est la guerre. Sauf que je ne vois vraiment pas pourquoi on tirerait un feu d'artifice ce soir.







Hasardeux calendrier















M
a semaine commence le vendredi en début d'après-midi, rien d'extraordinaire donc, à ce que je la finisse le lundi soir. Du même coup, du mardi au jeudi je suis en week-end, le lundi soir devient mon vendredi soir, je fais mes courses au supermarché le mardi en même temps que personne, et le mercredi matin je ne vais pas à l'église.
Afin de ne pas perturber ce rythme naturel, c'est tout naturellement que j'ai fait ce soir une petite sieste entre neuf heures et dix heures, histoire d'être en forme pour faire un tour du quartier vers minuit. Le but de la manœuvre était simplement d'étrenner mon nouvel appareil et de faire un crochet pour rapporter des bagels.
Sauf que, mystères et barricades, de voir passer un bus loin de son itinéraire m'ayant intrigué, je me suis approché du boulevard Saint-Laurent. Où je suis tombé sur un barrage policier m'intimant uniformément de passer mon chemin.
Bon, ça doit être un accident me dis-je en m'engageant dans la rue parallèle et suivante pour ne pas perdre le nord. Sauf que non, au bout du compte le quartier était bel et bien verrouillé, au point de croiser devant mon café préféré des hommes en noir, casque sur la tête et fusil à la main.
Pour un peu je me serais senti seul au milieu du carrefour.










La zone d'inconfort















E
n règle générale, lire des nouvelles de Raymond Carver revient à pénétrer directement dans l'intimité de gens ordinaires au moment où ils sont confrontés, sinon à une crise majeure, du moins à un choix difficile. Puis le rideau se referme aussi vite qu'il s'était ouvert, laissant le lecteur en proie à une certaine mélancolie, sans avoir le fin mot de l'histoire.
Dans cette Amérique des années 70, Jonathan Franzen grandissait dans une banlieue vaguement bourgeoise de Saint-Louis.
Or, dans son dernier livre, La Zone d'inconfort, l'auteur des Corrections revient sur ces années de sa vie, de son adolescence dans le Missouri à ses premières années de mariage à New-York, au cours desquelles il a lentement construit son identité actuelle.

Cela nous est donné à lire sous la forme de six longues nouvelles qui sont comme autant d'épisodes incomplets et désordonnés qui, justement, rappellent l'univers de Carver.
De digressions en parenthèses, Franzen évoque tour à tour l'attachement de ses parents aux valeurs morales, les week-end d'intégrations mixtes organisés par Camaraderie, le groupe paroissial de Webster Groves, les chahuts dans son lycée, sa découverte de la littérature allemande dans la langue, une interprétation sociologique de Charlie Brown et de Peanuts et sa passion pour l'ornithologie en dépit de ses piètres qualités d'observation.
Ça a la douceur de l'anodin et la profondeur du souvenir, la légendaire efficacité de la simplicité à l'américaine, et une pincée d'humour désabusé à l'européenne.


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La Zone d'inconfort, Paris, éditions de l'Olivier, 2007, 253p., 21 euros/29,95$ Can.

La nuit américaine


















Tandis que, rapides et silencieux, A. et moi rampions sous les wagons pour tenter d'échapper à nos poursuivants, la lumière crue des projecteurs éclairant la scène comme en plein jour menaçait fort de rendre notre évasion impossible. Quand soudain.












Le cerveau en cavale









































Sur la "track" de chemin de fer qui traverse Montréal, vaste terrain de jeux et source de belles images, tandis qu'avec une amie nous jouions à cache-cache avec la surveillance des lieux, nous avons croisé cette bien étrange apparition.




Oies du sud

On me dit que l'été n'est pas fini, qu'on a de la chance qu'il fasse encore si beau, tout ça. Bon, je veux bien. N'empêche que cette nuit encore j'ai entendu les oies sauvages passer, et pas de doute, c'est bien au sud qu'elles s'en vont. Alors?









L'Autofictif animalphabête





















"M'expliquera-t-on enfin pourquoi les chaussures nous sont vendues dans des cercueils de chats ou de lapins domestiques?"


Excellente question, à laquelle j'aurais néanmoins la pudeur de ne pas répondre publiquement. Du reste, on ne s'étonnera pas que ce soit Éric Chevillard qui la pose.
N'est-il pas écrivain? Certainement. Les animaux de tous crins ne traversent-ils pas ses livres sans même prendre la peine de regarder? Assurément.
Par exemple tenez. Imaginons que, inconfortablement assis à la table de la cuisine qui me fait office de bureau, l'envie me prenne de me renseigner sur les mœurs des hérissons naïfs et globuleux, je n'ai pour cela qu'à tendre le bras et relire
Du hérisson.
Admettons que le lendemain, ce que je croyais depuis plusieurs jours n'être qu'une longue éclipse de soleil s'avérait finalement être une solide et menaçante invasion de mouches. Là non plus, pas de panique, car je sais que le Vaillant petit tailleur m'apportera la solution.
Il n'est pas rare qu'au milieu de la nuit je m'interroge sur les origines insondables du Palafox.
Enfin, nous ne désespérons pas qu'un jour le lent transatlantique porteur de containers entiers d'exemplaires de Sans l'orang-outan finisse par accoster à Montréal.

En attendant, dès que j'aurais fini de remercier comme il se doit Éric Chevillard d'avoir écrit un jour cette merveille de livre que sont Les Absences du capitaine Cook, je retournerai à la lecture de son blog. Car depuis peu, Chevillard nous offre trois microfictions par jour.

Ça s'appelle l'Autofictif, et on espère que ça va durer.




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Les livres d'Éric Chevillard ont paru pour la plupart aux éditions de Minuit, et parmi eux nous recommanderont chaudement les suivants:

- Les Absences du Capitaine Cook, 2001.
- L'Oeuvre posthume de Thomas Pilaster, 1999.
- Palafox, 1990
- Du hérisson, 2002.

Son dernier livre, Sans l'orang-outan, vient de paraître chez Minuit lui aussi.




Droit de réponse


















N
otre ami B.C., l'éditeur lent, nous a fait suivre aujourd'hui une vidéo des plus intéressantes.
Il s'agit d'un extrait de la regrettée émission Droit de réponse, animée par Michel Polac, consacrée ce jour-là à la disparition de Charlie Hebdo et à la place de l'humour dans la presse.

On est en juin 1982, tout le monde fume, picole et s'engueule sur le plateau. Il faut dire que parmi les invités, on ne compte pas beaucoup de caractères faciles et bien des passionnés: Gainsbourg, Cavanna, Jacques Sternberg, Desproges, Renaud, Wolinski, Jean-François Kahn... toute une pléiade pas toujours à l'écoute de leur prochain.

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extrait de l'émission
(malheureusement le son est très mauvais, ce qui contribue à renforcer l'aspect préhistorique de ce début d'années 80)







Bill Clinton et moi






















L'
autre jour, j'écrivais à une amie pour lui faire part de mes dernières aventures étasuniennes, lorsque tout d'un coup, par bravade, je glissais dans ma lettre que j'avais mangé à la même table que Bill Clinton. Comme ça, mine de rien. 
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, c'est absolument vrai.

Néanmoins, je dois avouer que j'ai omis de préciser que Bill a mangé à cette table-là en 1995, et moi en 2007.

























Shérif fais-moi peur

















La petite route du comté, la ligne jaune à ne pas franchir devant le magasin général, et les voitures d'un quelconque rallye local, c'était dans le Vermont, et cela ressemble pourtant furieusement au décor de l'une des pires séries américaines des années 70-80, Shérif fais-moi peur (The Dukes of Hazzard). Les amateurs apprécieront.

Si l'on considère que toute une génération a grandi entre ça, Mac Gyver, K2000 et l'Agence tous risques, il ne faut pas s'étonner du niveau de la relève intellectuelle française. (Je dis ça mais je les ai dévorées au kilomètre comme tout le monde).





Cochon d'Allemand
























D'insultes en humiliations, celui que les autres enfants traitent de cochon d'Allemand a rêvé très jeune du jour où il pourrait fuir sa petite ville natale du Danemark.
Tout ça parce que sa mère, en tant qu'Allemande, incarne à elle seule le nazisme et l'envahisseur aux yeux de ses voisins et des commerçants du coin. Mal née, mal intégrée, elle ne fera qu'empirer les choses par fierté, par maladresse et par dépit.
Si Romer règle ses compte dans ce roman, il ne se limite pas à cela pour autant, et à travers le portrait haut en couleurs de sa famille il nous offre une vision du Danemark et de l'Allemagne d'avant, pendant et après la guerre.
Le ton est juste, acéré, sans complaisance ni fioritures et pourtant empreint d'une grande sensibilité. Cochon d'Allemand est un de ces livres qui revisitent l'histoire de l'Europe et nous la montrent par le petit bout de la lorgnette.

De Knud Romer, nous savons fort peu de choses, sinon qu'il est l'auteur d'un essai sur les pastilles de menthe, et qu'il a joué dans Les Idiots de Lars Von Trier.
Le roman de Romer a déjà gagné plusieurs prix et il est actuellement sur la deuxième liste du prix Médicis(1).


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-Cochon d'Allemand, de Knud Romer, Montréal, Les Allusifs, 2007, 180p., 16 euros/21,95$Can.
- (1) Entre Les disparus de Mendelsson, et Central Europe, de Vollman, ça va être serré


Esprit sportif



























Pour bien démarrer la semaine, quoi de mieux qu'un dessin du merveilleux Fred, l'auteur de Philémon*, l'une des BD les plus étranges et poétiques qui aient marqué mon enfance.


Notons que le dessin est extrait des Chefs d'oeuvres de l'humour noir, réunis par Jacques Sternberg.








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* Dont Dargaud a réédité la série complète il y a deux ou trois ans.



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L'autre bord du chemin de croix







































Si le dieu des églises finit parfois par céder ses bancs lors d'improbables ventes de garage, en voici un autre qui semble avoir encore de beaux jours devant lui, à en juger par la taille imposante des statues que le bon peuple élève en son honneur.









Chacun pour soie























Aujourd'hui, on m'a offert un petit livre, c'est donc une bonne journée. Il s'agit du Ludictionnaire (II), de Patrick Coppens, rempli comme le nom l'indique de définitions absurdes.

extrait:

Cocon: chacun pour soie.

Distance: vitesse du refus.

Fumeur: homme mégolithique.

Nulle part: lieu commun.

Ordure: à chaque jour suffit sa benne.

Poésie du terroir: vers de terre.


Etc. C'est gentil et ça ne mange pas de pain, c'est déjà bien.



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- Patrick Coppens, Ludictionnaire II, éditions Triptyque, Montréal, 1990.


Dieu sur le bord de la route







































Plus de boogie woogie dans cette église du Québec.
Pour les amoureux du coin qui seraient lassés de se bécoter sur les bancs publics, il est désormais possible de passer à l'étape supérieure du blasphème en s'offrant un véritable banc de messe.
Exclusivement réservé aux fornications dominicales.







Demandez le programme!





















Puisque apparemment le monde moderne a sonné le rappel des troupes et décidé que les dites troupes devaient reprendre l'école, voici une mise en garde pour les principaux intéressés.



Notons au passage que cette image hautement subversive était en vente libre la semaine dernière dans une petite ville américaine. Mais que fait le FBI?


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* Si vous avez aimé l'école, vous allez adorer le travail.



Photo en D3























Afin d'éviter toute confusion dans l'esprit de celles et ceux qui ne maîtrisent pas complètement la géographie nord-américaine, je précise que ce n'est pas à Détroit, dans le Michigan, que je viens de passer quelques jours de vacances, mais bien à D 3, dans le Vermont.









Les lunes et leurs habits rouges












































Une fois n'est pas coutume, la semaine qui vient sera une semaine sans. Sans ordinateur, et donc, sans blog.
C'est que demain, dès la fin de l'aube, vers onze heures, je partirai. Suivant les traces de n/votre président au bord d'un lac ridiculement grand dans une région boisée de Nouvelle Angleterre, envisageant même de dormir dans une tente prêtée par un des nos amis millionnaires.
Au programme, sandwich aux moustiques et camping sous la pluie, comme l'année dernière en Gaspésie, mais payable en Dollars américains.
En attendant cette folle semaine de repos, je suis parti hier soir pour une grande randonnée autour de mon immeuble. J'avais en effet entendu dire que la planète Mars devait être visible en même temps que la lune presque pleine, ce qui aurait du nous offrir une nuit à deux lunes, façon Philémon.
Finalement, point de mire de Mars et rien qu'une seule lune, mais quelques sous-vêtements mis à sécher, n'attendant que mon passage tardif dans la ruelle.





Tapage nocturne

























Tiens, pour changer des photos, voici un dessin. Il est signé Jicka et je l'ai trouvé en feuilletant une vieille anthologie de l'humour noir.


(non, pas celle de Breton)







D'un carnet à l'autre
















Il en est des carnets comme des agendas, un jour ou l'autre on finit par en atteindre la dernière page, avec cette différence toutefois que l'on ne sait pas à l'avance quand se terminera le carnet.
Finalement, on en achète un autre - un Moleskine encore, et tant pis pour le cliché - et vient alors le meilleur moment, celui où l'on relit toutes les notes accumulées, les listes de livres, de films, de villes, que l'on veut lire, regarder, visiter, des extraits de dialogues improbables entre deux personnages d'un livre que l'on n'écrira pas. Puis on fait le tri, de ce qu'il est temps de laisser derrière soi et de ce qu'il convient de recopier afin de ne pas en perdre la trace.
Parmi les listes en cours, on trouve ainsi une liste des titres envisageables et une autre des évènements marquants de 1977. Autant de poésie concrète en si peu de pages, c'est effrayant.
Enfin, tout carnet qui se respecte doit abriter son contingent de citations que l'on pourra ressortir pour mieux briller en société.
Celle-ci par exemple, empruntée à ce vieux sage d'Henri Calet dans Le tout sur le tout, et qui peut s'avérer utile dans les zones de turbulences:

"Prenez le chagrin d'amour le plus violent, laissez-le mariner, ajoutez-y dix ans, et il n'en restera rien, ou presque, une impression vague de roman aux trois quarts oublié."





La flemme du soldat inconnu































Pas assez pris de temps pour lire ces derniers jours, un peu trop la flemme d'écrire aussi, on va donc s'en tenir aux images.
Celle-ci par exemple ne date pas de l'hiver dernier comme on pourrait le croire, mais bien du mois de juillet, par une de ces nuits de brouillard dont Montréal n'a absolument pas le secret.









London calling































L'autre soir, l'étourdissante V. et moi rentrions d'une soirée entre amis où nous avions fêté un anniversaire qui pour une fois était le mien, elle enjambant les ponts et chaussées du haut de toutes ses jambes, et moi trottant derrière et escaladant les trottoirs.
La nuit, comme toujours inexistante en centre ville, brillait de tous ses feux sur l'avenue du Parc, lorsqu'un reflet différent arrêta notre regard. Une tache noire sur le pare-brise d'une voiture, trop petite pour être une nébuleuse, et trop parfaitement circulaire pour ne pas être un disque.
D'ailleurs, c'en était un. Un bon vieux 33 tours en vinyle, un enregistrement de Rachmaninov sous l'étiquette London (long playing), glissé dans sa seule pochette transparente. Bon. Mais quelques pas plus loin, coincé entre deux parcmètres, apparaît un autre disque, Songs at Yuletide, lui aussi enregistré chez London. Rebon. Encore vingt mètres plus loin, c'est au tour du troisième acte de l'Arabella de Strauss, et ainsi de suite.
Au total, une quinzaine de disques, tous de la même compagnie, disséminés de part et d'autre du trottoir sur environ deux cents mètres.
Il m'était déjà arrivé de trouver des livres en anglais dans une cabine téléphonique, généreusement oubliés et signés par un membre de l'Unexpected Gift Society (1), mais des vinyles glissés comme des contraventions, voilà une raison de plus d'aimer ce quartier.


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(1) littéralement, la Société des Cadeaux Inattendus. (Je traduis pour ma mère, qui croit encore que "How do you do breakfast" veut dire quelque chose.)



Cimetière tiers (3/3)


















La rumeur me dit que les employés du cimetière seraient sur le point de reprendre le travail, et donc - horreur - de tondre cette herbe si joliement envahissante.

La sagesse du lion























Ainsi que l'écrivait récemment mon illustre père, lui qui ne craint pas les phrases définitives:

"En été, le moi doute."



(Pierre Peuchmaurd, Le moineau par les cornes, éditions Pierre Mainard, 2007)




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Jour J
















Jour J, H-2.
Voilà, dans deux heures commencera le vernissage de ma première exposition à Montréal. Évidemment, c'est pour moi tout un symbole. D'intégration d'abord, avec cette première depuis que je suis devenu résident canadien, mais aussi, et surtout, cela fait dix ans cette année que je suis venu à Montréal pour la première fois.
C'était en 1998, je venais tout juste d'avoir vingt ans, et c'est en découvrant Montréal que j'ai commencé à faire des photos. À l'époque je n'avais fait que passer par ici, mais déjà le quartier du Mile End m'avait ensorcelé et je savais qu'il me faudrait y revenir, et parmi les endroits où je revenais le plus volontiers, on trouvait déjà le café Romolo.
Plusieurs aller-retours et dix ans après, n'ayant abandonné ni la photo, ni l'idée de m'installer dans ce quartier, je continue à fréquenter assidûment le Romolo et il m'a semblé que c'était l'évidence même d'exposer ici.

Dans quelques jours j'aurais trente ans, et si tout va bien je pourrais prendre un peu de vacances en France à la fin de l'année. La boucle est bouclée.