Photos, livres, aventures.

Cinéma paradiso

Un peu par hasard, j'ai regardé hier la cérémonie des Oscar. Bon, pas beaucoup plus excitant que les César ni que les Jutra (1), sauf que c'est plein de gens qui parlent en anglais et que Céline Dion était là pour meugler. Par contre, je ne boude pas mon plaisir d'avoir vu Martin Scorsese enfin récompensé.

En décembre dernier, alors que j'étais de passage en France, mon frère et moi avons voulu aller au cinéma, quelque part entre Noël et le premier de l'an. Or, dans notre petite ville, un petit cinéma s'obstine à passer de très bons films en version originale pour un public de trois pèlerins (alors que paradoxalement il est difficile de trouver autre chose que d'affreuses versions doublées à Montréal).

Ainsi allâmes nous à la séance du soir des Infiltrés (2), tant pour le plaisir que pour justifier la présence du projectionniste. Comme prévu nous n'étions que deux (voir photo). Voilà comment je peux dire que le film est très bon pendant au moins 1h45. Après, je ne doute pas que ce soit tout aussi bon, mais la pellicule semble avoir mystérieusement déraillé au moment où Di Caprio dit "Holy fucking shit!" en sortant son flingue pour la huitième fois.
Nous avons sagement attendu un bon quart d'heure, le temps pour moi de faire quelques photos, et pour mon frère de compter les sièges (346). Alors que, pris d'une légitime curiosité quant à l'issue du film et de notre soirée, nous nous étions mis en quête du projectionniste, nous le trouvâmes transportant une boîte à outils démesurée, annonçant qu'il en aurait pour une partie de la nuit à réparer ça et nous invitant à revenir voir la fin le lendemain.

Que Martin Scorsese se rassure donc, s'il n'a pas reçu plus tôt la récompense qu'il méritait depuis toujours, c'est sûrement que le jury des Oscar a rencontré jusque là quelques problèmes techniques dans des ciné-clubs de province.


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(1) Pour les Français, les Jutra sont l'équivalent québécois des César, du nom de Claude Jutra, important réalisateur québécois (Mon oncle Antoine).
(2) En anglais: The departed; en France: Les infiltrés; au Québec: Agents troubles.



Planète sans visa






















( Rue Bernard, à l'angle de l'avenue du Parc)










Depuis que je suis empêché de travailler, je vais presque chaque jour au café, souvent le même. Il s'appelle le Romolo et c'est quasiment devenu une annexe de mon appartement. J'y rencontre des amis, je lis, j'y prépare aussi une partie de ce blog. Quand il fait trop froid pour se promener et trop long pour rester chez soi, il faut bien aller quelque part. Parfois je me laisse aller à regarder un match de hockey. Souvent je regarde par la fenêtre, et voilà ce que je vois.

Les Martinet s'abattent sur Bordeaux




Au
hasard de lectures récentes, je m'aperçois que la périphérie de la bourgeoise ville de Bordeaux n'abrite pas que les souvenirs de ma courte vie étudiante, mais aussi quelques éditeurs de qualité. Je connaissais déjà L'Escampette et Pierre Mainard (qui ont dû fuir la ville mais qui résistent), le Castor Astral, et voilà que je m'aperçois aujourd'hui que L'arbre vengeur et les éditions Finitude vivent sur les mêmes terres.
Étonnant regroupement d'où me vient un grand bonheur de lecture avec la découverte de Jean-Pierre Martinet, dont il est question ici.




L'appel de la forêt (Des intégrations (2))



Passer quelques jours chez des amis à la campagne.
Rencontrer des gens qui font des courses de traîneaux à chiens.
Aller voir les chiens en question.

Marcher dans les bois sur trente centimètres de poudreuse pour finalement admirer une chute d'eau gelée.
Bouquet final, piloter un skidoo sur des sentiers en repensant à la poursuite incroyable dans Gina (1), malgré le bruit de tondeuse à gazon sauvage de la machine.
Cliché tout ça? Et alors?




























(1) film québécois de Denys Arcand de 1975, un classique du genre.






Un rude hiver











Pinochet, enterré.
Saddam Hussein, suspendu.
Fidel Castro se promène en survêtement avec une perfusion dans le bras.
Et voilà qu'un Papon subclaquant ressort de son placard doré.

Décidément cet hiver les ordures se ramassent à la pelle.


Et moi j'ai eu la grippe alors que je ne suis même pas un tyran domestique!



Cabaret vs Prozac





L'autre soir, celui d'avant, j'ai revu Cabaret, pour la huitième ou la dixième fois.
Pour Liza Minnelli bien sûr, l'étourdissante et lumineuse, et pour tous les numéros musicaux. Pour le fascinant maître de cérémonie et ses clins d'oeil énigmatiques, et pour la subtilité de l'approche de la montée du nazisme dans cette Allemagne des années 30.
Si l'on considère qu'à Montréal, où la diversité sexuelle est bien représentée, il est tout un milieu (1) dans lequel il est de bon ton de se revendiquer au moins bisexuel et ouvert aux expériences si l'on veut rester branché, alors je trouve "rafraîchissante" l'évocation de l'ambiguïté de l'identité sexuelle dans Cabaret.
Et puis, lorsque j'écoute Maybe this time ou Mein Herr, et que je me mets à chanter à tue-tête dans l'espèce de sabir germano-anglo-français du film, la fièvre du Kit Kat Club m'envahit, aphrodisiaque et euphorisante, des plumes me poussent sur la tête et pour un instant au moins je me sens invincible. Pour toutes ces raisons, et pour mille autres encore j'emporterais ce film sur une île déserte. (2)




(1) Montréal n'est pas encore une gigantesque partouze urbaine, il s'agit essentiellement d'un milieu jeune et étudiant, un tour à l'université Concordia est assez parlant.
(2) une île déserte, soit, mais avec l'électricité et l'internet à haut débit.




Espace fumeur


J'ai toujours passé beaucoup de temps dans les bars, depuis le café entre deux cours au lycée à celui entre deux riens aujourd'hui. Le Québec étant - malheureusement - en avance sur la France dans l'application des lois anti-tabac, les fumeurs y sont déjà "invités" à attraper des pneumonies individuelles pour éviter le Grand Cancer Collectif. Je ne cherche pas à relancer le débat de toute façon stérile sur la question, je pense simplement que les non-fumeurs meurent quand même.
C'est hier, alors que j'étais à deux doigts de perdre une main en fumant dehors, que m'est venue cette question: et les prisons? Elles appartiennent à l'État et sont donc en théorie des lieux publics au même titre que les hôpitaux et les écoles; va t'on pour autant étendre l'interdiction de fumer aux prisonniers dont c'est à peu près la dernière liberté? (1)
Évidemment je ne le souhaite pas, mais alors, devront-ils aller fumer sur le trottoir? Je ne sais pas si le sujet a déjà été officiellement évoqué par les vertueux gouvernements, mais si c'est le cas ils ont dû le faire très discrètement.

Quoiqu'il en soit, ce blog restera un espace fumeur.


(1) Eh bien oui! Ah les vaches! Lisez donc ce texte intéressant.





Dans la vitrine d'une boutique de jouets, (Montréal, rue Laurier Ouest).



Journaux japonais



C'est un petit livre rose d'une centaine de pages que j'ai lu il y a environ deux ans et que, chose rare, je viens de relire (je me rends compte que le fait de ressortir mes livres pour en parler me donne envie d'en relire une grande partie sur le champ).
Nadia Porcar est française, mais elle a vécu au Japon (peut-être y est-elle encore aujourd'hui, je n'en sais rien), et donc Tatami pop est bel et bien une sorte de journal japonais. De l'humour noir pour supporter la déprime de son quotidien, quelques petites piques d'euphorie, des poèmes aussi, pas beaucoup mais quand même, à la façon de ceux de Carver (1) et de Brautigan. Un film vu la veille, deux dents arrachées, un coup de fil de sa mère, trois fois rien mais c'est assez.
C'est bien à Brautigan que l'on pense constamment, celui du Journal japonais et de Tokyo-Montana express. C'est assumé, elle ne le nie pas, le cite même. Il est aussi question d'un film qu'elle est en train de tourner en super 8 avec des amis, Jellyfish; or le film existe bel et bien.

Extrait:

"Hi Han

Des nouvelles de Fabrice Del Dongo. Ma cristallisation a fondu mais du coup, il me revient que les mots en an, je n'en connais pas des milliers. Empan. Portulan. Turban. Ottoman. Catogan. Ruban. Tympan. Élan. Alezan. Zan. Ouragan. Capitan. Afghan. Soleman (Souleyman). Perdican. Peter Pan. Ce n'est pas rien les mots en an. Sauf ortolan. Bizarrement. À cause de La Fontaine et de ses histoires de rats?

Pélican.
Une heure après.
Quand je vous disais, l'esprit d'escalier."

Du coup, je dois relire un peu de Brautigan, encore. Encore en hiver. Je remarque que c'est en hiver que je (re)lis les livres du grand Richard et des livres japonais (ou se passant au Japon). Pourquoi?


Tatami pop, de Nadia Porcar, éditions Pierre Mainard, 2004. (autre extrait)
Journal japonais, de Richard Brautigan, Le Castor Astral.

(1) Pour la poésie de Carver, voir La vitesse foudroyante du passé, éditions de l'olivier, 2006.


L'ambulante bibliothèque

Après l'avoir timidement annoncé en début de semaine dans la colonne de droite (celle que personne ne lit), je me décide finalement à ouvrir les portes de mon ambulante bibliothèque.
Le but n'est pas d'y dresser une liste exhaustive de ce que je peux avoir en rayon, mais d'y présenter très brièvement des livres que j'ai particulièrement aimé, parce que je suis pris entre l'envie de donner le goût de les lire, et l'impossibilité de parler "vraiment" de chacun d'entre eux.
Dans la mesure du possible, il s'agira de ne pas paraphraser le millième article sur un livre déjà vendu par pleines charettes, mais tout simplement de donner des pistes, de suivre quelques chemins sinueux.
Bien sûr, il faudra un certain temps avant que je ne constitue un "fond", mais que cela ne vous empêche pas d'aller y faire un tour régulièrement.
Enfin, si je tenais à ce que cette page garde son aspect "fourre-tout", je continuerai d'y parler de bouquins entre deux blagues foireuses, ces deux pages devenant dès lors complémentaires.


(Quant à la photo, je l'ai prise à Bruxelles en 2001 à l'incroyable librairie Posada.



Des intégrations



Aujourd'hui, considérer qu'il fait moins cinq, donc chaud, et aller faire un tour en vélo. En souriant, pour bien montrer qu'on aime l'hiver.
Plus tard, arriver au Romolo (le café habituel depuis qu'Esperanza a fermé). C'est le début de la game de hockey - complètement par hasard, (on ne le dira pas) - oui, mais rester. Les Penguins de Pittsburgh contre le Canadien de Montréal. Se concentrer, prendre des notes sur les virils patineux pour être capable de sortir des noms dans la conversation si je retourne un jour au travail (parce que mes amis, le hockey, non).
Note pour la prochaine fois: prendre une bière, pas un café.

Pendant ce temps, un message de ma mère pour me dire que mon frère se laisse pousser la barbe. C'est important de rester informé.