Photos, livres, aventures.

Typiquement typographique


Chier dans le cassetin aux apostrophes, v. Cette phrase grossière et malséante peut se traduire en langage honnête par: "Quitter le métier de typographe."

Boeuf, s. m. Colère, mécontentement; synonyme de CHÈVRE. V ce mot. Ajoutons cependant que le boeuf est un degré de mécontentement plus accentué que la chèvre. Le boeuf est une chèvre à sa plus haute puissance. // Gober, avoir son boeuf, Être très contrarié, se mettre en colère.

Ours, s. m. Bavardage ennuyeux. // Poser un ours, ennuyer par son bavardage insipide. Se dit d'un compagnon, peu disposé au travail, qui vient en déranger un autre sans que celui-ci puisse s'en débarasser. Une barbe commençante se manifeste souvent de cette manière. Ce mot est récent dans ce sens.


Ces mots et leur définition sortent tout droit du Dictionnaire de l'argot des typographes, paru en 1883 (ici dans sa réédition de 1979). J'aime notamment la notion de langage "honnête" et la modernité de l'emploi des ours. Pour un peu on se croirait en pleine mise à jour du dictionnaire de l'Académie française, celle-là même qui nous a déjà amusé.


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(Merci à mon amie H. de m'avoir offert ce livre)
Pour celles et ceux que ça amuserait, il a été réédité en 2005 aux éditions Le mot et le reste.



Nuance






L'intégration, j'y travaille, mais je dois avouer que certaines nuances m'échappent encore.



Mailloux, histoires de novembre et de juin




C'est en novembre dernier, au salon du livre de Montréal, que j'ai entendu pour la première fois parler de Hervé Bouchard. Il venait tout juste alors de gagner le Grand prix du livre de Montréal pour son deuxième roman - Parents et amis sont invités à y assister - et se trouvait du coup sur le stand de son distributeur pour y rencontrer d'éventuels lecteurs. Comme il se trouve que j'y étais aussi pour justifier mon titre de libraire ambulant, j'ai donc eu tout le loisir de le voir. Le regard perçant, presque dur, un visage fermé posé sur une vieille veste en cuir, notre homme n'était visiblement pas dans son élément. Ironie liée à ce genre d'évènements, deux "stars" des librairies québécoises (Fred Pellerin, bon, d'accord, mais pourquoi Jacques Godbout?) dédicaçaient à tour de bras le même jour sur le même stand. Par contraste, Bouchard me devenait donc forcément sympathique, malgré le regard dur, etc... et je me décidai à combler mon retard en achetant son premier livre.
On a dit de lui qu'il était l'héritier de Ducharme, et, pour ce que j'en sais, il y a du vrai là-dedans. Il y a aussi du Gaétan Soucy, celui de La Petite fille qui aimait trop les allumettes, que je tiens pour l'un des meilleurs livres de ces dernières années. Mais il y a surtout beaucoup de Hervé Bouchard.
Cet homme est un jongleur, une sorte d'équilibriste sans filet qui mène son écriture à la frontière entre prose et poésie, ne fait pas de concession, prend le langage, le triture, le malaxe et vous le renvoie en pleine gueule avec l'air de dire "débrouille toi avec, si ça te plaît pas c'est pareil". Évidement, ça peut rebuter, il serait même facile de refermer le livre tant les premières pages sont déroutantes. C'est que Mailloux appartient à cette catégorie de bons livres qui demandent d'abord un effort pour franchir les barrières qui l'entourent, puis un certain abandon pour se laisser embarquer.
À part ça, Mailloux est un livre sur l'enfance, celle de Jacques Mailloux bien sûr, mais pas seulement, sur la cruauté des gamins entre eux, sur la peur et la honte de soi que l'on trimbale toute une vie, et sur les conséquences des petites phrases anodines-assassines qui reviennent en écho.
Dans mon exploration de la littérature québécoise, après Réjean Ducharme, Gaétan Soucy et Sylvain Trudel, Hervé Bouchard vient donc s'ajouter tout naturellement à ma liste de "vrais" bons auteurs à ne pas lâcher.



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Je ne suis bien sûr pas le premier à parler de Bouchard, en voici d'autres, savamment réunis par son éditeur, le Quartanier.
Sylvain Trudel est publié par Les Allusifs, lesquels, non contents d'avoir un excellent catalogue, ont aussi un très joli site internet.



Pas de Calet sans feu




Cette série de photos m'intrigue au plus haut point depuis que je l'ai trouvée, un peu par hasard, sur internet; Henri Calet jouant avec le feu en 1954.
De nombreux sites et blogs reprennent ces images (c'est d'ailleurs assez rassurant, mais un peu étrange de voir un homme comme Calet apparaître aussi facilement sur Gogol), mais aucun de ceux que j'ai consulté ne rapporte l'histoire de ces photos, l'inévitable anecdote liée à la prise de vue. Or, en tant qu'admirateur du bonhomme et que photographe, je suis doublement curieux.
Si parmi vou(e)s se trouve une âme cultivée et charitable, je lui serai reconnaissant de bien vouloir m'en dire le tout sur le tout.



Poudreuse à la tonne




Dans la série "on épate les copains français", quand je disais hier qu'après une tempête on va mettre la neige ailleurs, c'était pas des blagues.



L'hiver se force






Enfin, donc, l'hiver se force. Pour la peine on dirait même qu'il nous fait du charme avec sa belle tempête de neige et ses températures tout droit sorties du freezer. Personnellement, au risque de passer pour un snob d'une étrange catégorie, c'est ça que je veux. L'immigration ça coûte cher et c'est long, alors de la neige et du froid, j'en veux pour mon argent.
Marcher dans le vent avec juste les yeux qui dépassent, l'écharpe sur le nez et le nez qui coule. Poser un gant le temps de faire une photo et recompter ses doigts au moment de le remettre. Aller prendre un café à trois coins de rue en s'imaginant partir pour une dangereuse expédition. Bref, le cliché complet du français qui se prend pour Jack London sans sortir de son quartier. J'assume et j'en profite, des jours de "vrai hiver" comme ça il y en a beaucoup moins qu'on veut bien le dire, et les gros bras de la mairie ont déjà commencé à mettre la neige ailleurs.



Diabolique ukulele à Brooklyn




La mystérieuse V., plus flamboyante que jamais, et mon ami l'héroïque éditeur avaient bravé vents et marées pour venir me cueillir à ma descente d'avion hier matin. Étant donné la soudaine chute de neige que nous essuyâmes sur la route du retour, et la perspective de -20 degrés annoncés pour la semaine qui vient, il n'y a pas loin d'ici à ce qu'on me soupçonne d'avoir ramené l'hiver au Québec (je précise pour ceux qui n'y habiteraient pas que l'hiver était jusqu'à présent anormalement doux, quasi parisien).
Évidement, avec le décalage horaire je me suis levé aux aurores (enfin, vers 8h30 quoi). Profitant de ce que ma belle endormie continuait à rêver d'un homme grand et fort, j'en profitais pour errer un peu sur internet. C'est ainsi que je découvris l'existence d'un site américain consacré au ukulélé, le diabolique instrument de Marilyn Monroe dans
Certains l'aiment chaud, sur lequel on peut voir et écouter toutes sortes de musiques ukuléliennes. Voici comment j'ai fini par découvrir un couple d'allumés de Brooklyn, Kurt Hoffman et Meg Reichhardt chantant gaiement Il m'a vu nue, une chanson "genre entre deux guerres" dont la vidéo me met spécialement de bonne humeur.









Ma cabane au Canada





Ami(e)s québécois(es),



voilà un mois que tous ceux que je croise ici me demandent "alors le Canada? c'est grand? y'a des ours? il y fait froid, non?"



Parce que tant de perspicacité épuise et parce que Paris m'a lessivé, je suis très content de retrouver bientôt ma cabane de rondins sur les flans du Mont-Royal.


Les greniers, dimanche et jours fériés




Donc c'est la nouvelle année, la fin des vacances, toujours une bonne occasion d'aller faire un tour dans les vieilles maisons de campagne mal chauffées. Poussière familiale et lenteur dominicale. Quand on se faufile sous les toits, on se dit qu'un vide grenier ne ferait pas de mal, mais devant l'ampleur de la tâche on renonce vite et l'on s'étonne même d'y avoir pensé, comme si les greniers ne devaient être ouverts que les dimanches et jours fériés, alors que, au fond de soi, on sait bien que ce sont les araignées et la vieille chouette cachée au dessus des poutres qui en sont les véritables gardiens.