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Sempre Susan

De retour de voyage, le sac bourré de livres jusqu'à la gueule, on se trouve confronté à l'éternel dilemme du lecteur voyageur : reprendre la pile des livres à lire là où on l'avait laissée, en espérant un jour la faire baisser suffisamment pour à nouveau voir le jour par la fenêtre, ou bien entamer tout de suite le lot de ceux fraîchement débarqués que l'on n'a pas encore réussi à caser dans la bibliothèque.
Comme je n'arrivais pas à choisir, j'ai fini par piocher dans une catégorie plus mince, celle des livres arrivés pendant mon absence, une petite plaquette à glisser entre deux lectures. 


Sempre Susan, souvenir sur Sontag, est un texte qui était resté inédit en français et qui vient de paraître directement en poche dans la très nouvelle et très excitante collection "Pulse", chez 13e Note éditions.
Sigrid Nunez a été la compagne de David Rieff - le fils de Susan Sontag - dans les années 70, alors que le jeune homme vivait encore avec sa mère. Elle témoigne de l'expérience de cette intimité partagée avec cette icône de l'intellingentsia new-yorkaise, dans un récit qui réussit à rester sur le fil, ému et reconnaissant envers l'intellectuelle d'une part, sans concession pour la diva d'autre part.


Non seulement cette petite diversion m'aura permis de me prélasser dans un parc en ayant l'air intelligent, mais en plus j'ai trouvé la solution à mon problème. Désormais, j'alternerai entre un livre pris dans la pile en attente, et un autre pris dans le sac de voyage.







«  - On a toujours intérêt à commencer par transgresser les règles. Pour Susan, arriver en retard était une règle [...] Lorsque les gens se plaignaient d'avoir toujours à l'attendre, elle refusait de s'excuser.
   - Tant pis s'ils ne sont pas assez futés pour emporter quelque chose à lire... »







Et hop! La présentation faite par l'éditrice, puisqu'elle est bien faite.


"Printemps 1976, 340 Riverside Drive, New York. Sigrid Nunez, recommandée par la NewYork Review, se rend au domicile de Susan Sontag pour l’aider à traiter la pile monumentale de courrier entassée sur son bureau durant son hospitalisation. Sontag a 43 ans, elle vient de subir une ablation du sein, elle est convalescente. Sigrid découvre un vaste penthouse lumineux, aux murs blancs et nus. Peu de meubles, un chien, et une pièce stratégique, la chambre de Susan qui est aussi son bureau, où trône une énorme IBM Selectric. Susan dicte, Sigrid tape. S’ébauche ainsi une relation forte entre la jeune diplômée de Columbia University, apprenti écrivain de 25 ans, et l’une des plus remarquables intellectuelles de son temps. Sigrid, amoureuse de David Rieff (fils de Susan Sontag), élira domicile au 340 Riverside Drive. Le trio fera autant jaser les commentateurs que se réjouir la dissidente et si peu conventionnelle Sontag. Nunez se souvient. Elle décrit cette période particulière de leur courte vie commune au quotidien, et la personnalité de celle qui fut pour elle à la fois muse, monstre et mentor. Sontag fumait beaucoup, écrivait sans cesse, voyageait tout le temps, détestait les écrivains-enseignants, la solitude, la sottise, la servilité. Féministe radicale, elle ne portait pas de sac, abhorrait les jupes, le maquillage, la chirurgie plastique, les tiédeurs et minauderies du sentiment amoureux. Écrivain avant tout, elle était acharnée au travail, pure dans ses ambitions, soucieuse de partager son savoir et d’attiser les curiosités. À la fin de son livre, Sigrid Nunez nous a fait partager sa conviction que la radicalité de Sontag a soufflé sur notre culture. Au cimetière du Montparnasse, on lit sur une plaque sombre son nom et deux dates : « 1933-2004 ». 71 années d’une vie remplie d’écrits et de convictions qui appartiennent à notre histoire. Sempre Susan – Sontag forever."












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Sempre Susan, souvenirs sur Sontag, de Sigrid Nunez, 13e Note éditions, coll. "Pulse", 112 p.

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