Après
avoir été lieutenant dans le camps anti-esclavagiste pendant la
guerre de sécession, Ambrose Bierce a voyagé en Europe et a fait
divers petits métiers avant de s'établir comme chroniqueur, puis rédacteur en chef à San
Francisco. Les circonstances de sa mort sont plutôt surprenantes puisque l'on perd sa trace au Mexique en 1913, alors qu'il y avait rejoint l'Armé du Nord de Villa en pleine guerre civile.
Moins
connu que son Dictionnaire du diable
ou que ses nouvelles sur la guerre de sécession, les Fables
fantastiques d'Ambrose Bierce
sont le plus souvent assez réjouissantes à lire, tant leur cynisme
et leur absurdité trouvent encore un écho aujourd'hui.
Dans une bibliothèque idéale, on l'imaginerait volontiers entre Thoreau et Stephen Crane, pas trop loin de Jack London.
J'étais
donc tranquillement installé à lire à une terrasse de café,
lorsque je suis tombé sur ce texte extrait de ces Fables
fantastiques publiées à la fin du XIXe siècle.
Toute
ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne serait
vraiment pas étonnante.
L'état
d'alarme et le sursaut d'orgueil
« Bonjour,
mon ami", dit l'état d'alarme
au sursaut d'orgueil
; « comment allez-vous ce matin? »
« Très
fatigué », répondit le sursaut
d'orgueil en s’asseyant sur une pierre
au bord du chemin et en s'épongeant le front. « Les
politiciens m'épuisent à force de mener leurs débats en
m'utilisant, moi, au lieu d'agiter un bâton. »
L'état
d'alarme soupira avec sympathie et dit :
« C'est à peu près la même chose ici. Au lieu d'utiliser une
lorgnette, ils regardent les agissements de l'opposition à travers
moi! »
Comme
les deux malheureux compagnons mêlaient leurs larmes amères, on
leur notifia qu'ils avaient à retourner à leur devoir, car l'un des
partis politiques avait réussi à faire nommer un voleur, et
s'apprêtait à tenir un grand meeting de réjouissance.
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- Le Dictionnaire du diable, éditions Rivages poche ;
- Fables fantastiques, éditions Rivages poche ;
- Morts violentes, éditions Grasset, coll. "Cahiers rouges".
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