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Georges Schehadé

Être en vacances, ce n'est pas lire léger, ce qui ne rime à rien, mais ce n'est pas forcément s'assommer à coups de lourds pavés. C'est avant tout prendre le temps de lire, voire s'offrir le luxe de relire, et quand on le peut c'est avant tout aller lire ailleurs. J'ai eu la chance récemment de voyager un peu dans la bibliothèque familiale, et d'y puiser de quoi alimenter les longues soirées de l'hiver à venir.
Quelques amis de qualités m'avaient parlé dans les derniers mois, ou les dernières années, de la poésie de Georges Schehadé, si bien qu'en voyant son recueil en Poésie Gallimard dans les rayons, je l'ouvrais à la première page pour y jeter un coup d'oeil :


D'abord derrière les roses il n'y a pas de singes
Il y a un enfant qui a les yeux tourmentés


Ce premier texte date de 1938, les autres suivront, ni trop, ni trop peu, et je dois résister à la tentation de citer ici la moitié du recueil.
Mais quand même, ces trois là.


À ceux qui partent pour oublier leur maison
Et le mur familier aux ombres
J'annonce la plaine et les eaux rouillées
Et la grande Bible des pierres

Ils ne connaîtront pas
- À part le fer et le jasmin des formes
La Nuit heureuse de transporter les mondes
L'âge dans le repos comme une sève

Pour eux nul chant
Mais la rosée brûlante de la mer
Mais la tristesse éternelle des sources


***



Dans le sommeil quelquefois
Des graines éveillent des ombres
Il vient des enfants avec leurs mondes
Légers comme des ossements de fleurs
Alors dans un pays si proche par le chagrin de l'âme
Pour rejoindre le pavot des paupières innocentes
Les corps de la nuit deviennent de la mer


                                                                                  ***

Dans cette campagne où le soleil meurt
Comme un cheval boit
L'herbe et le temps ont la même peine
Un violon chasse des ombres de sa main
Rappelle toi les étangs de la mer lointaine
Quand tu dormiras dans la terre des enfants

 ***









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