Courants contraires, huile sur toile, 91x122cm, 2014. |
Cécile
Ronc Le pays
où l’on n’arrive jamais
Du 5 au 27 septembre 2014, Cécile Ronc présente son travail le plus récent à la galerie McClure à Montréal.
"L’évolution
récente de mon travail s’est imposée comme une solution naturelle
à mon désir d’impressionner
la mémoire des paysages lunaires d’Islande rencontrés lors d’un
voyage qui m’a transportée. Dans ce pays palimpseste ,
l’histoire de la terre est à nu, ses rides évidentes ; les traces
d’érosion, d’irrigation, ainsi que les flux qui creusent, qui
modèlent, sont comme les veines, le souffle qui alimentent le corps.
Ces terres, leurs couleurs, y sont
l’indication temporelle littérale de bouleversements telluriques
passés : champs de laves noirs ou verts dépendamment de leur âge,
le lichen ayant eu le temps de reprendre le dessus ou non. C’est
cette souveraine et belle indifférence de la nature que je désire
peindre. L’influence de
ces terres insolites m’a conduit à développer une manière de
peindre fluide, laissant sa place au hasard et au « naturel »,
incitant ma peinture à se rapprocher de son fantasme de se faire
paysage, autrement dit d’imiter la manière dont crée la nature.
Le pays
où l’on n’arrive jamais est le pays que
s’obstinent à retrouver les personnages du roman d’André Dhôtel
et qui ne peut être rejoint ; le pays des souvenirs, des rêves,
du vécu, des mémoires cumulées de mille lieux. C’est le pays de
l’enfance, du premier regard qu’on a eu sur le monde, de ce
regard qui ne cherche pas à qualifier et se contente de voir les
choses telles quelles, dans leur existence propre, sans adjectifs.
C’est l’espace pictural que j’aspire sans cesse à engendrer et
à élargir, peuplé d’impressions diverses, de réminiscences
paysagistes vécues ou rêvées. C’est également le lent et
patient travail d’exploration dans une même direction ; la
terre promise que l’on souhaite atteindre et qui n’est là que
pour nous donner de quoi tendre vers,
pour nous donner l’élan. Matisse
écrivait en ce sens à Bonnard, à la fin de sa vie : "Giotto
est pour moi le sommet de mes désirs, mais la route qui mène vers
un équivalent à notre
époque
est trop importante pour une seule vie. Cependant les étapes en sont
intéressantes."
C’est
dans les méandres qui tendent vers et les sables mouvants dans
lesquels parfois je m’enlise que je parviens, par chance, à
l’occasion, à m’arrêter un instant pour admirer la vue et voir
enfin ce qui
m’entoure. L’exposition présentée à
la Galerie McClure est une halte, un relais dans la quête sans fin de ce pays où l'on n'arrive jamais."
C.R.
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Cécile
Ronc est une peintre d’origine française installée au Québec depuis 2005. Diplômée de l’École nationale supérieure des
Beaux-Arts de Paris, elle a obtenu une bourse de résidence de trois
mois à la Casa de Velázquez à Madrid (printemps
2009),
a récemment eu
des expositions personnelles à la Galerie d’art d’Outremont
(janvier 2014), à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal (mai
2012), à la galerie Elissa Cristall à Vancouver (septembre 2012)
ainsi qu’à la Galerie Premier Regard à Paris (février
2010).
Vernissage : jeudi 4 septembre à 18 h
Heures d'ouverture : mardi au vendredi de 12h à 18h ; samedi de 12h à 17h galeriemcclure@centredesartsvisuels.ca
1 commentaire:
C'est un peu tard pour le vernissage mais je viens d'adorer votre texte (à défaut sans doute de vos œuvres plastiques) et les romans d'André Dhôtel (le premier venu de ses romans car la résonance est la même, la lisière, l'instant où un être est le même mais un autre, une myopie générale - Dhôtel a roulé aveugle à moto dans ses Ardennes -). C'est un peu tard pour le vernissage. On n'y arrive jamais. Bien à vous.
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