Jour 1
(mardi 8 juillet)
J'aurai passé en tout plus d'un mois à faire des listes du matériel dont j'aurai besoin, ainsi qu'à réfléchir à la façon la plus adéquate et la plus équilibrée de répartir tout ça dans les différents sacs accrochés au vélo. Tout a même faillit tourner court lorsque je me suis fait voler mon vélo trois semaines avant la date prévue pour le départ. Mais j'avais tellement pensé à ce voyage et j'étais si excité à l'idée de partir que je préférai dilapider mes économies plutôt que de renoncer. Ce matin j'ai donc finit par charger la mule. Deux gros sacs à l'arrière, deux plus petits sur la roue avant, la tente sanglée sur le porte bagages, et sur le guidon une dernière sacoche pour les choses à garder à portée de la main: cartes routières, fruits secs et cigarettes.
Enfin, après une dernière accolade à la matinale V. et les promesses d'usage et de prudence, je m'élançai dans la ruelle un peu après neuf heures.
La traversée du centre ville ne s'est pas faite sans attirer quelques regards, jusqu'à l'interminable pont Jacques Cartier. De l'autre côté du fleuve, l'aventure commence puisque je n'ai jamais roulé sur la rive sud, et comme je le craignais, j'entame la semaine en perdant la trace de la Route Verte dans Longueuil après dix minutes.
Un matin de semaine en banlieue, il n'y a pas foule pour me renseigner sur la route à prendre. À un coin de rue, je me suis adressé à un homme visiblement perturbé qui a quasiment pris la fuite dès que j'ai eu posé ma question, et c'est finalement à un facteur que j'ai dû mon salut dans ce labyrinthe, ce qui tend à prouver - s'il en était besoin - le rôle essentiel que jouent les facteurs dans nos vies quotidiennes.
Une fois retrouvé la Route Verte, je m'y suis précipité avec la rage de sortir enfin de l'agglomération. Le paysage est d'ailleurs devenu bucolique beaucoup plus vite que je ne l'aurais cru. Mais c'est à partir de Chambly que l'on commence à se sentir libéré de l'attraction de la grande ville. Les maisons deviennent plus espacées, plus belles dans l'ensemble, et les piscines se creusent. Surtout, la piste longe le canal de Chambly jusqu'à Saint-Jean Richelieu, avec plusieurs portions prises entre le canal et la rivière Richelieu. J'y ai croisé un bateau de plaisance battant pavillon américain, remontant sans doute depuis le lac Champlain.
Un peu avant Saint-Jean, je m'arrête dans un casse-croûte à l'écart de la piste pour avaler un hot dog et acheter la première bouteille de Gatorade de ma vie. En repartant, je me trompe de piste cyclable et repasse une demi-heure à tourner en rond dans un no man's land semi commercial.
Enfin, je trouve le "vieux" Saint-Jean. La priorité est d'acheter de quoi manger pour le soir, mais la chaleur est tellement écrasante (il fait près de quarante), que je transpire depuis le matin et pue sans doute horriblement. Du coup, je suis particulièrement gêné en entrant dans l'épicerie. Je décide donc de m'arrêter à la terrasse ombragée qui me tend les bras au bout de la rue, et d'y attendre un peu que le gros de la chaleur passe.
(mardi 8 juillet)
J'aurai passé en tout plus d'un mois à faire des listes du matériel dont j'aurai besoin, ainsi qu'à réfléchir à la façon la plus adéquate et la plus équilibrée de répartir tout ça dans les différents sacs accrochés au vélo. Tout a même faillit tourner court lorsque je me suis fait voler mon vélo trois semaines avant la date prévue pour le départ. Mais j'avais tellement pensé à ce voyage et j'étais si excité à l'idée de partir que je préférai dilapider mes économies plutôt que de renoncer. Ce matin j'ai donc finit par charger la mule. Deux gros sacs à l'arrière, deux plus petits sur la roue avant, la tente sanglée sur le porte bagages, et sur le guidon une dernière sacoche pour les choses à garder à portée de la main: cartes routières, fruits secs et cigarettes.
Enfin, après une dernière accolade à la matinale V. et les promesses d'usage et de prudence, je m'élançai dans la ruelle un peu après neuf heures.
La traversée du centre ville ne s'est pas faite sans attirer quelques regards, jusqu'à l'interminable pont Jacques Cartier. De l'autre côté du fleuve, l'aventure commence puisque je n'ai jamais roulé sur la rive sud, et comme je le craignais, j'entame la semaine en perdant la trace de la Route Verte dans Longueuil après dix minutes.
Un matin de semaine en banlieue, il n'y a pas foule pour me renseigner sur la route à prendre. À un coin de rue, je me suis adressé à un homme visiblement perturbé qui a quasiment pris la fuite dès que j'ai eu posé ma question, et c'est finalement à un facteur que j'ai dû mon salut dans ce labyrinthe, ce qui tend à prouver - s'il en était besoin - le rôle essentiel que jouent les facteurs dans nos vies quotidiennes.
Une fois retrouvé la Route Verte, je m'y suis précipité avec la rage de sortir enfin de l'agglomération. Le paysage est d'ailleurs devenu bucolique beaucoup plus vite que je ne l'aurais cru. Mais c'est à partir de Chambly que l'on commence à se sentir libéré de l'attraction de la grande ville. Les maisons deviennent plus espacées, plus belles dans l'ensemble, et les piscines se creusent. Surtout, la piste longe le canal de Chambly jusqu'à Saint-Jean Richelieu, avec plusieurs portions prises entre le canal et la rivière Richelieu. J'y ai croisé un bateau de plaisance battant pavillon américain, remontant sans doute depuis le lac Champlain.
Un peu avant Saint-Jean, je m'arrête dans un casse-croûte à l'écart de la piste pour avaler un hot dog et acheter la première bouteille de Gatorade de ma vie. En repartant, je me trompe de piste cyclable et repasse une demi-heure à tourner en rond dans un no man's land semi commercial.
Enfin, je trouve le "vieux" Saint-Jean. La priorité est d'acheter de quoi manger pour le soir, mais la chaleur est tellement écrasante (il fait près de quarante), que je transpire depuis le matin et pue sans doute horriblement. Du coup, je suis particulièrement gêné en entrant dans l'épicerie. Je décide donc de m'arrêter à la terrasse ombragée qui me tend les bras au bout de la rue, et d'y attendre un peu que le gros de la chaleur passe.
Pour l'instant, la piste est asphaltée, et son tracé plutôt plat me permet de m'habituer au poids du vélo, qui doit avoisiner tranquillement les quinze kilos une fois chargé, et à l'instabilité de la roue avant. Même si je me plais à imaginer que ce chargement me donne des airs de cow-boy solitaire, c'est quand même l'impression de conduire un semi-remorque qui domine.
Les deux seules cartes détaillées que j'ai emporté étant celle des Cantons de l'Est et celle du Centre du Québec, je me suis fixé pour but d'arriver à Farnahm ce soir, afin de commencer la journée de demain en étant sur la carte.
Pour s'y rendre, la Route Verte change de nom en quittant Saint-Jean, et devient la Montérégiade, coupant à travers champs en une ligne droite ahurissante qui n'est interrompue par un virage qu'une seule fois en 25 kilomètres. Un rien monotone et je commence à fatiguer. Ces champs partout autour, un rang que l'on croise de temps en temps et sur lequel j'imagine des arrêts de bus improbables, et ce petit bruit de moteur que je n'arrive pas à identifier. Si j'avais mon costme de Cary Grant, il ne manquerait pas grand chose pour que la scène prenne des allures de remake de La mort aux trousses.
Les deux seules cartes détaillées que j'ai emporté étant celle des Cantons de l'Est et celle du Centre du Québec, je me suis fixé pour but d'arriver à Farnahm ce soir, afin de commencer la journée de demain en étant sur la carte.
Pour s'y rendre, la Route Verte change de nom en quittant Saint-Jean, et devient la Montérégiade, coupant à travers champs en une ligne droite ahurissante qui n'est interrompue par un virage qu'une seule fois en 25 kilomètres. Un rien monotone et je commence à fatiguer. Ces champs partout autour, un rang que l'on croise de temps en temps et sur lequel j'imagine des arrêts de bus improbables, et ce petit bruit de moteur que je n'arrive pas à identifier. Si j'avais mon costme de Cary Grant, il ne manquerait pas grand chose pour que la scène prenne des allures de remake de La mort aux trousses.
Comme pour me donner raison, la ligne droite semble enfin devoir se terminer lorsque, dans l'axe, à deux cents mètres environ devant moi, j'aperçois un petit avion posé dans le champ d'atterrissage d'un club de parachutisme.
Arrivé à Farnahm, je fais un tour rapide de la ville pour y repérer les commerces qui me seront utiles demain, et je réalise qu'il va encore me falloir faire dix kilomètres pour trouver un camping. Soupir.
Monter la tente, prendre une douche, laver mes vêtements car j'ai pris le très strict minimum, faire chauffer une boîte de raviolis, et hop! il pleut. Un fantastique orage me tombe sur la gueule. Bienvenu dans les Cantons.
100 km, 21 km/h de moyenne
À la demande générale, voici donc une carte pour mieux comprendre d'où ce qu'on cause.
En vert, donc, le chemin parcouru le premier jour.
1 commentaire:
HéHé! C'est ma ville d'origine St-Jean-sur-Richelieu et j'ai fait du parachute à Farnham.
À +
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