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On dirait le Sud



 Voici donc que le dernier livre de Christian Oster paraît aux éditions de l'Olivier, après quatorze romans de vie commune avec les éditions de Minuit. De la part d'un auteur aussi constant, c'est une surprise. Ceci dit, l'écriture elle, reste la même, simple et minutieuse, attachée aux détails sans souci de la fin. 
On retrouve une fois de plus un narrateur quadragénaire en période de crise existentielle. Cette fois, il s'agit de rouler pour s'en sortir, pour s'assurer que le décor change constamment. Alors pourquoi pas vers le Sud puisqu'il faut bien aller quelque part. Comme d'habitude avec Oster, il ne se passe pas grand chose, mais comme les personnages eux-même semblent n'avoir rien à faire, un mal de dos, une entorse et les quelques rencontres fortuites qui en découlent deviennent de véritables aventures. 
Le narrateur a beau vouloir éviter la compagnie des autres, il se trouve toujours quelqu'un sur son chemin, comme pour nous rappeler que la solitude volontaire est un luxe et qu'il est en général mal perçu de vouloir s'isoler.
De hasard en coïncidence, le héros finit par s'arrêter sur le bord d'une départementale quelque part entre Arles et Marseille, dans un gîte tenu par une vague connaissance qui incarne à merveille le néant conversationnel. Une cohabitation improbable s'en suit entre ceux qui ne veulent pas parler et ceux qui ne savent pas se taire, jusqu'à une scène mémorable de repas au cours duquel "de temps en temps, manière de donner le change, l'un de nous fixait le plat d'œufs mimosa".
À bien y penser, les romans d'Oster ont quelque chose en commun avec les nouvelles de Carver, en plus long évidement. Cette impression d'avoir attrapé un épisode en cours de route, comme si un inconnu nous racontait un jour ou une semaine de sa vie sans que l'on ne sache rien de son passé ni de ce qu'il est devenu après. L'avant et l'après semblent sans importance, mais la parenthèse qui nous est racontée est explorée dans ses moindres recoins.



"De mon côté je filais un mauvais coton avec Agnès. La vérité est que je me révélais sensible à son regard mouillé, à sa tristesse et à la manière dont, apparemment, y compris dans les moments difficiles, elle persistaient à mettre en valeur ses seins comme s'il s'était agi d'une ligne de front en deçà de quoi elle s'interdisait de reculer quelles que soient les circonstances. Ou bien, ai-je songé, les chemisiers qu'elle porte, dont le boutonnage ne s'inaugure que très bas, sont chez elle une vieille habitude vestimentaire et elle n'y pense même pas, mais cette absence à soi m'excitait tout autant."









Rouler, de Christian Oster, Paris, éditions de L'Olivier, 2011.





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2 commentaires:

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