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Roses trémières à Ronce-les-Bains


















(Port de La Tremblade, 1982)



Lu dans un livre aujourd'hui les mots "roses trémières", ce qui m'arrive rarement. Du coup je me souviens que ces fleurs m'ont un jour trahi.
Lorsque j'étais enfant, mes parents avaient une maison à La Tremblade, en Charente-Maritime, où nous allions passer toutes nos vacances. Les courses le matin, l'après-midi à la plage, souvent à Ronce-les-Bains. Je les revois s'ennuyant un peu dans l'eau peu profonde tandis que j'essayais de me faire des amis au Club Mickey. Pour limiter mes caprices, j'avais droit à trente francs d'argent de poche chaque mercredi que je dépensais le samedi matin au marché installé devant la caserne des pompiers.
Ma mère insistait toujours pour que l'on mange du poisson (je revois surtout de la soupe couleur rouille et la table de la cuisine qui me servit plus tard de bureau dans une autre maison). Heureusement, certains soirs nous allions dîner à la crêperie au bout du port, Chez Roberte.
Maintenant que je leur ai ouvert la porte, des tonnes de souvenirs me reviennent et s'engouffrent.
Mais, la trahison des roses trémières. Elles poussent partout dans cette région, avec leur faux air de papier crépon, jusqu'au petit bout de terre le long du mur de la maison, sauf que j'étais persuadé que l'on disait "crémières". Des roses crémières, pourquoi pas, il y a bien des pins parasols pour décorer les très grands cocktails. Mais non, s'apercevant un jour de mon erreur, ma mère voulut la corriger, me forçant à passer de "cre" à "tre" sans d'autre raison que le respect d'une orthographe que justement elle enseignait.
Amer à boire et truelle déception, chères roses crémières, je me souviens de vous.